Marche arrière ! Trois mois et demi après avoir donné son aval à la création de structures (appelées «sociétés de projet») pour aider les armées à boucler leurs fins de mois, François Hollande a changé d'avis. Mercredi, à l'issue d'un conseil de défense exceptionnel, le chef de l'Etat a opté pour des «crédits budgétaires», «sans aucun appel à des ressources extérieures». Exit, donc, la solution proposée par la Défense : afin de combler cette année un manque à gagner de plus de 2 milliards d'euros, ces «sociétés de projet» auraient dû permettre à l'armée de vendre du matériel (frégates multimissions et Airbus A400M) pour ensuite les prendre en location. Le but : récupérer du cash illico. «En 2015, les crédits du ministère de la Défense de 31,4 milliards d'euros sont sanctuarisés […]. Cela veut dire que le ministère de la Défense est sûr de pouvoir [en] disposer», a insisté Hollande mercredi.
«Pas d'odeur». Le chef de l'Etat s'est rangé aux propositions de Bercy. Michel Sapin (Finances) était opposé à une solution qui présentait, disait-il pudiquement, des «inconvénients». Hollande avait pourtant souhaité, en janvier, que ces structures permettant «d'acquérir du matériel dans des conditions plus souples, plus fluides» soient «mises en œuvre dès cette année».
Dans l'entourage du ministre de la Défense, on veut faire bonne figure : «Nous avons obtenu tous les crédits budgétaires souhaités dès cette année. L'argent n'ayant pas d'odeur…» Le Drian est d'autant plus satisfait qu'il s'est vu accorder une rallonge de 3,8 milliards d'euros pour ses troupes dans les cinq prochaines années. «Avec 2,5 milliards d'économies sur la baisse du pétrole et l'inflation basse», calcule-t-on chez Le Drian, la Défense dispose de «6,3 milliards d'euros [supplémentaires] d'ici à 2019».
Ceinture. De quoi sauver les 18 500 postes que Le Drian souhaitait et ainsi «pérenniser» la présence permanente de 7 000 militaires mobilisés depuis les attentats de janvier (gares, lieux de cultes…). Nota bene : des milliards en plus pour la Défense, c'est autant en moins pour d'autres ministères qui devront se serrer la ceinture si le gouvernement veut tenir ses engagements européens de réduction des déficits.