Menu
Libération
À chaud

Hollande offre une rallonge aux armées

A l'issue d'un conseil de Défense exceptionnel, le chef de l'Etat a garanti 3,8 milliards d'euros d'ici 2019 et abandonné en catimini l'idée des «sociétés de projets».
Jean-Yves Le Drian et François Hollande en visite à bord du porte-avions «Charles-de-Gaulle», au large de Toulon, le 14 janvier. (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)
publié le 29 avril 2015 à 12h51

C'est tranché. A l'issue d'un conseil de Défense exceptionnel destiné à décider de moyens budgétaires supplémentaires à offrir aux armées, François Hollande a annoncé qu'il y aurait bien une rallonge pour permettre à la Défense de boucler ses fins de mois tout en continuant ses missions intérieures et extérieures. La somme : 3,8 milliards d'euros supplémentaires d'ici à 2019 (la Défense demandait 5 milliards). Elle sera actée dans un projet de loi de programmation actualisé, présenté en conseil des ministres le 20 mai.

Du coup, 18 500 postes seront sauvés sur les 34 000 suppressions prévues par la loi de programmation militaire. De quoi «pérenniser» les 7 000 militaires mobilisés en France suite aux attentats de janvier. Une opération antiterroriste rebaptisée «Sentinelle». Reste à savoir sur quels budgets ces 3,8 milliards seront trouvés puisque le gouvernement a exclu d'augmenter les impôts d'ici 2017.

Tranché aussi, la question des «sociétés de projet». Une solution proposée par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour combler un manque à gagner de 2,3 milliards d'euros dans son budget dû au retard des ventes aux enchères de fréquences hertziennes 700 MHz. Ces nouvelles structures auraient permis à l'armée de vendre du matériel militaire (frégates multimissions et Airbus A400M) pour ensuite les prendre en location et récupérer tout de suite la trésorerie dont elle a besoin d'ici le mois d'août. En janvier, Hollande s'était prononcé pour. Il souhaitait même que ce dispositif soit «mis en œuvre dès cette année». «[Ces sociétés] permettront d'acquérir du matériel dans des conditions plus souples, plus fluides, aboutissant à une mise en service rapide des moyens dont les forces ont besoin», expliquait-il le 14 janvier sur le porte-avions Charles-de-Gaulle lors de ses vœux aux armées.

Trois mois et demi plus tard, marche arrière toute. Devant l'opposition de Bercy, le chef de l'Etat s'est contenté, mercredi, de rassurer Le Drian sur ses besoins en cash : «En 2015, les crédits du ministère de la Défense de 31,4 milliards d'euros sont sanctuarisés et ce seront des crédits budgétaires, sans aucun appel à des ressources extérieures», a-t-il expliqué. Soit : on laisse tomber la solution Le Drian. «Cela veut dire que le ministère de la Défense est sûr de pouvoir disposer de ces crédits dans l'année 2015», a ajouté Hollande. La solution retenue est donc celle du ministère des Finances, préférant faire crédit aux Armées plutôt que de s'engager dans un mécanisme complexe et qui, selon son locataire, Michel Sapin, présentait «certains inconvénients».