«Dans le combat effréné pour la médiocrité, Christiane Taubira est en passe d'être dépassée par Najat Vallaud-Belkacem.» Revenant mercredi matin sur cette salve lancée lundi soir par Nicolas Sarkozy lors d'un meeting en Seine-Saint-Denis, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a maladroitement fustigé une attaque «légèrement xénophobe» et dès lors «inadmissible dans notre république».
Selon le député de Paris, la sortie de Sarkozy a en effet «une certaine connotation. Madame Taubira a été attaquée pour les raisons que l'on sait, pour la couleur de sa peau. Et madame Vallaud-Belkacem est attaquée pour quoi ? Parce qu'elle s'appelle Belkacem». Des angles d'attaques ethnicistes pointés par «Camba» qu'on retrouve souvent à la une de Valeurs actuelles, l'hebdo de l'ultradroite, qui a fait de ces deux ministres les cibles obsessionnelles de sa bataille identitaire.
Au sortir du Conseil des ministres mercredi matin, alors que l'opposition est toujours aussi remontée, le porte-parole du gouvernement a sonné la mobilisation : «Le président de la République soutient [la réforme du collège] et a demandé à tous les membres du gouvernement [leur] soutien.» Et d'insister : «Il faut qu'il y ait une cohérence et un soutien de l'ensemble du gouvernement» alors que, jusqu'à présent, on a surtout entendu Manuel Valls monter fortement au créneau – notamment à l'Assemblée mardi.
«Victoire», clame François Bayrou
Mercredi matin, sur l'un des points chauds du projet et alors qu'une journée de grève est prévue mardi, Najat Vallaud-Belkacem avait un peu ajusté sa copie en annonçant que le Conseil supérieur des programmes (CSP) devait lui remettre d'ici mi-octobre des propositions sur les langues anciennes. Alors que les opposants à la réforme s'alarment de la disparition - non prévue - du latin et du grec, elle a demandé au CSP d'apporter, dans son projet du programme de français de la cinquième à la troisième, «des articulations plus lisibles avec les langues et cultures de l'Antiquité».
Dans cette lettre, rendue publique par l'AFP, elle dit par ailleurs souhaiter que le CSP travaille également sur le thème «Langues et cultures de l'Antiquité» prévu dans les nouveaux enseignements pratiques interdisciplinaires et qu'il rédige «des programmes pour les enseignements de complément de latin et de grec». «Victoire», a lancé l'ancien ministre latiniste François Bayrou.
Dimanche, Najat Vallaud-Belkacem avait déjà annoncé la nomination d'un délégué interministériel pour promouvoir l'allemand à l'école. Pas de quoi enlever à Bruno Le Maire, qui mène la bataille pour l'UMP, le rêve d'un débat public à ce propos avec le Premier ministre. Lequel lui avait lancé dans l'hémicycle : «Nous sommes tous aussi républicains que vous […], si vous voulez un vrai débat, projet contre projet, nous y sommes prêts.»