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Libération
Interview

Aurélien Bernicchia : «Les pratiques sont peu en phase avec la société»

Aurélien Bernicchia. 29 ans, urbaniste, fédération de Seine-et-Marne :
publié le 17 mai 2015 à 20h06

«C’est assez curieux, mais je ne me souviens pas vraiment de la date de ma première adhésion au PS. Ça doit remonter à 2004. A l’époque, je l’ai intégré en tant que simple sympathisant. Je ne m’investissais pas vraiment dans la vie du parti comme un militant. J’étais à la fac et mes engagements étudiants comptaient beaucoup plus pour moi. Je me contentais de voter lors des consultations internes, sans plus. Quelques années après, j’ai commencé à m’impliquer davantage. Je garde un bon souvenir de la campagne de 2012. On sentait que quelque chose était en train de se passer. Que les gens aspiraient à du changement. Il y avait comme une effervescence un peu partout sur notre territoire.

«Je me souviens du soir du 6 mai 2012, de l’explosion de joie à Paris, où j’avais rejoint un ami, avec les gens célébrant spontanément le retour de la gauche, souriant, chantant, criant, dans les rues, dans le métro. Une douce folie, une grande fraternité. Inoubliable. Depuis que je suis au PS, j’ai aussi connu des moments difficiles, comme l’affaire Cahuzac. Je crois qu’on ne mesure pas l’impact que cela a eu au sein de la population. Nous sommes la gauche. Nous sommes censés défendre le faible contre le fort. Comment peut-on se prétendre de gauche et être un évadé fiscal ?

«C’est pire que tout. C’est dévastateur.

Sinon, on ne va pas se mentir, le Parti socialiste n’est pas florissant. Les militants doutent, ils sont plutôt vieux - pas nécessairement en âge, mais en termes de date d’adhésion -, les cadres ne se renouvellent pas, les pratiques militantes sont vieillottes, très traditionnelles, peu en phase avec la société d’aujourd’hui. Et les militants de base dont je fais partie ne sont plus formés. Nous n’avons plus les outils pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. Le PS est trop descendant, pas assez horizontal. Les militants ne sont trop souvent que des bras pour distribuer des tracts et point barre.»