L'heure approche. Jeudi, les adhérents du Parti socialiste sont appelés aux urnes pour choisir entre l'une des quatre motions avant de désigner le nouveau premier secrétaire, huit jours plus tard. Ces textes définissent l'orientation de la politique générale du parti. La motion A, celle du numéro 1 sortant, Jean-Christophe Cambadélis, rassemble une grande majorité de parlementaires et d'élus autour de la politique du gouvernement. La motion B, celle des «frondeurs» et de l'aile gauche du parti, a choisi comme porte-drapeau le député de la Nièvre Christian Paul. La motion C, défendue par Florence Augier, issue de l'ancienne équipe de Stéphane Hessel, se veut plus en phase avec la base qui a «été très associée à l'écriture du texte». Enfin, la motion D, celle du courant «cohérence socialiste», derrière la députée des Hautes-Alpes Karine Berger, se veut «non alignée», c'est-à-dire à mi-chemin entre les godillots de la motion A et les frondeurs de la motion B. Mais les mauvaises langues laissent entendre que Karine Berger saura négocier sa place dans l'appareil par la conclusion d'alliance au finish. Ces dernières semaines, les têtes d'affiche de chacune des motions ont arpenté les sections et fédérations du pays à la rencontre des adhérents.
«Fourchette». Au-delà du résultat des uns et des autres, un autre chiffre sera scruté à la loupe : celui de la participation. Aujourd'hui, le PS compte 131 000 adhérents «actifs». Mais seulement la moitié d'entre eux était à jour de cotisation en début d'année. Un adhérent est dit «actif» s'il est à jour ou compte moins de deux ans de retard dans ses cotisations. Il peut régulariser sa situation au moment du vote. Après deux ans sans payer, il est considéré comme «démissionnaire». «Ces dernières années, on navigue entre 120 000 et 180 000 adhérents. On est dans la fourchette basse», reconnaît Christophe Borgel, le responsable des élections. En effet, on est très loin des 280 000 cartes déclarées en 2006. Et un peu moins des chiffres du congrès de Toulouse en 2012 : le PS comptait 170 000 adhérents actifs dont 90 000 avaient pris part au vote.
«Catastrophe». Mais depuis, l'épreuve du pouvoir et les orientations gouvernementales ont fait des déçus : la fuite des adhérents s'aggrave chaque jour sous le regard des élus, impuissants. Au PS on croise les doigts pour ne pas tomber en dessous de la barre «symbolique» des 50 000 votants, «sinon ça serait une catastrophe, le congrès aurait un goût amer, ce serait une défaite pour tout le monde. Vous imaginez, moins de 50 000 votants…» médite un député en région parisienne.
Quelques jours avant le scrutin, Libération est allé à la rencontre d'adhérents qui s'apprêtent à voter pour les motions et le premier secrétaire. Ils nous racontent leurs rapports avec le parti. Au fil des échanges, ils témoignent des difficultés du militantisme de terrain face à la défiance que suscite la politique du gouvernement et le mal qu'ont les petites mains du parti à se faire entendre par la rue de Solférino.