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Analyse

A Carcassonne, Hollande «démangé» par la présidentielle

Le président de la République a prononcé mardi soir un discours que son entourage décrit comme «un moment important» du quinquennat.
François Hollande à Carcassonne, le 19 mai. (Photo Pascal Pavani. AFP)
publié le 20 mai 2015 à 13h32

«Mon ennemie, c'est l'impatience.» La formule – signée d'un orfèvre en la matière, l'ancien ministre de l'Ecologie, Philippe Martin – résume les 70 minutes de discours de François Hollande, mardi soir à Carcassonne. Où, comme lors de sa tournée aux Antilles, il piaffait visiblement à l'idée de reprendre la route de la campagne présidentielle. Citant son discours du Bourget, déplorant de ne plus pouvoir lâcher ses coups et prenant plaisir à dresser le bilan de son action à l'Elysée. Entre le discours anniversaire et le discours tremplin. «Depuis trois ans, j'ai fait des choix : tout pour l'emploi, tout pour la jeunesse, tout pour l'avenir», des choix «conformes à l'intérêt national», a défendu le chef de l'Etat qui s'est aussi lancé dans plusieurs anaphores commençant par «c'est justice» et «présider c'est».

«Il n'y a jamais une seule politique, il y a l'embarras du choix. Il faut se débarrasser de l'embarras et garder le choix», a-t-il ajouté, «kiffant» (dixit un conseiller ministériel) ce discours devant une centaine d'élus, pour la plupart de gauche dans un département beaucoup plus rose que la moyenne après la claque des départementales. Ses allusions à Nicolas Sarkozy – jamais cité – étaient limpides et ses attaques contre le Front national rituelles. Déjà fin avril, sur le plateau de Canal +, François Hollande regrettait de ne pas pouvoir contrer plus le discours du FN, demandant à ses ministres «d'y aller». «Aux responsabilités qui sont les miennes, je ne peux pas intervenir dans les débats autant que je voudrais, je me retiens», a-t-il confirmé à Carcassonne. «On sent chez lui une sorte de démangeaison présidentielle», sourit un parlementaire qui a assisté au discours.

«Cogner face aux critiques»

A ses détracteurs socialistes qui lui reprochent d'avoir oublié son discours du Bourget et ses envolées contre son «adversaire» la finance, Hollande fait un joli pied de nez, reprenant mot à mot les engagements qui y figuraient pour revendiquer son bilan. A l'écouter, réorienter l'Europe c'est chose faite et maîtriser la finance pour la remettre au service de l'économie réelle, c'est en bonne voie. «Après les réformes de structures, après les réformes d'urgence, disais-je à cette époque, nous pourrons redistribuer ce que nous avons créé», a-t-il rappelé. En septembre, 9 millions de Français sortiront de l'impôt sur le revenu : c'est donc que la promesse a été tenue, a expliqué le président qui a plaidé pour de «nouvelles réformes» et de «nouvelles solidarités» pour les deux ans qui viennent, sans plus de précisions. «On était face à un président qui ne veut plus être sur la défensive, qui est prêt à cogner face aux critiques, aux commentaires et aux attaques. Il ne veut plus laisser passer», décrypte le président du Gers, Philippe Martin.

L'entourage présidentiel n'avait fait aucune retape avant ce discours que certains conseillers ont pourtant qualifié de «moment important du quinquennat» une fois qu'il a été prononcé. Ne pas créer d'attente a priori, créer la surprise a posteriori, c'est ce qui semble présider à la communication officielle autour de Hollande depuis quelques semaines. Une logique de «coup». Qui va de ses missions de dernière minute en Ukraine à sa visite à Cuba avant tout le monde en passant par un discours de candidat qui ne dit pas son nom. Pour 2012 «il y avait le Bourget. Maintenant, il y aura Carcassonne», souffle un conseiller ministériel.