On ne l'attendait pas dans ce rôle. Mais puisque les deux tenants de l'aile gauche, Benoît Hamon et Emmanuel Maurel se sont neutralisés, les sensibilités socialistes critiques à l'égard de la politique économique du gouvernement ont choisi Christian Paul, 55 ans, pour prolonger la «fronde» parlementaire en opposition interne au PS.
Son ambition. Obliger le gouvernement à être plus à gauche… et à prendre en compte ce que décide le PS. Aubryste après avoir été proche d'Arnaud Montebourg, cet ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer sous Jospin (2000-2002) émet des doutes depuis le début du quinquennat sur des thématiques portées par François Hollande durant sa campagne : loi bancaire, réforme fiscale, aides aux entreprises sans contreparties… Il dit vouloir aujourd'hui empêcher que «le libéralisme économique, pensée liquide, infuse le PS». Il rêve de rassembler, pour le second tour, une alliance de toutes les autres motions contre la candidature de Cambadélis. Compliqué.
Sa campagne. Arriver dans ce congrès avec l'étiquette de «frondeur» aurait pu être un atout. En fait non : «Les militants ont envie que ça marche, très peu souhaitent que l'on échoue», rappelle un membre du gouvernement. Pour contrer la critique du «diviseur», Paul n'a cessé de lancer aux militants croisés en assemblées générales que «l'unité» du PS n'était «pas menacée». Il a même tenté de retourner l'accusation de frondeur aux sénateurs PS qui ont voté contre le non-cumul ou ces «ministres de Bercy [qui] désavouent tous les matins la motion qu'ils ont signée avec le premier d'entre eux». Chez Cambadélis, on en rigole : «C'est ça… Mais s'il y avait une primaire, ils seraient contre Hollande…»
Son pronostic. S'il sait qu'il n'a aucune chance de diriger le PS, Paul aimerait voir la motion Cambadélis privée de majorité pour l'obliger à tenir compte de leurs positions dans les futures décisions du PS. Pour ça, il doit impérativement faire mieux que 35%. A condition, prévient son camp, que les urnes socialistes ne soient pas gonflées.