Il va enfin être élu par les militants. En 2012, Jean-Christophe Cambadélis avait vu les grandes figures socialistes - dont François Hollande - lui préférer Harlem Désir. Erreur de casting : deux ans plus tard, le député de Paris change de bureau à Solférino, mais sans légitimité militante. Sauf surprise, ce sera fait le 28 mai, avant un discours à Poitiers en guise de sommet de carrière.
Son ambition. Cambadélis veut marquer l'histoire du PS. Jamais ministre, architecte de la gauche plurielle sous Jospin et formé à la rude école lambertiste chez les trotskistes, le député de Paris, 63 ans, a toujours eu comme objectif de diriger les socialistes. Avec ce congrès, il veut, souligne l'un de ses lieutenants, Christophe Borgel, permettre sa propre «clarification», «celle du rapport du PS à l'exercice du pouvoir». Pour 2017, l'appareil doit se transformer en machine à faire gagner Hollande. Quitte à muter. «Le parti est à la fin du cycle d'Epinay, insiste un ministre. Il y a encore pas mal d'impensés au PS, sur l'économie ou l'Europe…» Et s'il a refusé de suivre Manuel Valls sur le changement de nom ou l'aggiornamento «social-libéral», ce n'est pas un hasard s'il a inscrit dans sa motion l'idée d'un «dépassement» du PS, et parle de «progressisme». De quoi faire craindre à certains au PS qu'il abandonnera à terme le mot «socialisme».
Sa campagne. On ne l'a pas beaucoup vu. Son challenger Christian Paul l'a taxé de «candidat invisible». Et lorsqu'il venait devant les militants pour défendre sa motion, la presse était priée de rester dehors. «Il s'est planqué parce qu'il n'a pas confiance en lui», critique un soutien de Paul. Son entourage répond que les militants perçoivent en lui la garantie de l'unité. «On le voit dans les Fêtes de la rose, les socialistes sont obsédés par le fait qu'on ne se tape pas dessus», rapporte un proche.
Son pronostic. Son camp joue à se faire peur. Sa motion réussit la prouesse de réunir Aubry et Valls et, pourtant, son entourage laisse entendre qu'il pourrait, en cas de faible participation, ne pas atteindre la majorité. A l'arrivée, le texte de Cambadélis devrait sortir largement en tête du vote de jeudi. Sous les 55%, ce serait un mauvais score.