Coup dur pour l'image du «repenti» Nicolas Sarkozy. Mercredi, le président de l'UMP s'est fait épingler par le Petit Journal pour s'être rendu au Havre, à l'occasion d'un meeting, en taxi-jet. Le tout, pour la modique somme de 3 200 euros, aux frais de son parti l'UMP, déjà particulièrement endetté. Pourtant, au regard de certaines dépenses dévoilées ces cinq dernières années dans la presse, cette escapade normande fait pâle figure.

Après son échec au second tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a offert ses services de conférencier pour des sommes allant de 100 000 à 150 000 euros par apparition. Le 25 avril 2013, l'ex-chef de l'État était invité par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Le prix moyen de la place pour l'écouter était de 385 €. Pour financer son aller-retour Paris-Le Havre, huit spectateurs auraient suffi.

Un montant que l'on peut toutefois relativiser. Samedi prochain, l'UMP organise un Congrès pour officialiser le vote des militants au sujet du nouveau nom du parti et pour valider la composition du nouveau bureau politique. L'enveloppe alouée à l'événement qui se déroulera près de la porte de la Villette, à Paris, est comprise entre 500 000 et 550 000 euros. Un montant certes 156 fois plus élevé que le coût du trajet aérien de Nicolas Sarkozy, mais «modeste» face aux 3,6 millions dépensés pour son investiture en janvier 2007 au Parc des expositions, porte de Versailles.

Prévoyant, le trésorier de l'UMP, Daniel Fasquelle, a conseillé il y a quelques jours aux militants d'apporter leurs propres sandwichs, faute de budget suffisant. Or, si le parti n'avait pas payé les frais de déplacement aérien de son président au Havre, il aurait pu financer l'achat de 1 167 jambon-beurre (prix moyen : 2,74€).

Une interrogation demeure, suite aux révélations du Petit Journal. Nicolas Sarkozy, à l'image de Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac, bénéficie d'un certain nombre d'avantages réservés aux anciens présidents de la République. Le document, rédigé en 1985 par Laurent Fabius et chargé de statuer ces dispositions spéciales précise : «Pour leurs déplacements en France et à l'étranger, les anciens présidents de la République bénéficient de la gratuité pour eux-mêmes et leur conjoint sur l'ensembre des réseaux publics ferroviaires, aériens et maritimes, dans la meilleure classe». Le choix d'une facturation du trajet en jet par le parti pour des raisons «de logistique» peine à convaincre.

À noter également que François Hollande avait été la cible de critiques le jour de son élection à la tête de l'État. Présent à Tulle, en Corrèze, pour les résultats, il s'était rendu à Paris dans la soirée en jet privé également. L'ancien secrétaire général du Parti socialiste avait affrété deux appareils pour un coût total de 30 000 euros. Soit 9,375 fois plus que l'aller-retour normand de Nicolas Sarkozy.