«En 2005, j’avais 29 ans et je n’étais pas encore engagée politiquement. J’ai voté contre ce texte. Non pas par europhobie. Loin de là ! Mais je trouvais que ce projet de traité pour une Constitution européenne confortait une vision de l’Europe très libérale, faisant la part belle aux grandes industries. Ce texte n’allait pas assez loin dans le sens d’une construction européenne, fédérale, prenant en compte les droits politiques des citoyens de l’Union. Pour moi, l’horizon politique final n’y était pas assez affirmé.
«J’ai eu l’occasion quelques années plus tard d’en parler au président Valéry Giscard d’Estaing et de lui expliquer mon vote. Il m’a répondu qu’il comprenait parfaitement le pourquoi de mon choix. Conforme d’ailleurs à celui exprimé par Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI. Lors d’un meeting commun, il a reconnu avoir voté contre ce texte et pour les mêmes raisons que moi.
«Je constate également qu’aujourd’hui encore le résultat de ce référendum reste inscrit dans la mémoire des gens. Les citoyens ont dit non, l’affaire est revenue par la fenêtre, et les Français ne digèrent pas le fait de ne pas avoir été entendus. La construction de l’Europe ne pourra pas se faire à marche forcée contre les citoyens de chaque nation et leurs désirs. Ce qui s’est passé en 2005, les résultats du référendum et son déni nourrissent aujourd’hui des répliques. Comme pour un tremblement de terre. Dans l’esprit des gens, c’est l’exemple caricatural du fossé entre des élites qui n’entendent pas le peuple et d’un peuple qui se réfugie dans le populisme pour se faire entendre.»