Pourquoi ne pas le dire tout de suite ? A peine élu, le premier secrétaire du Parti socialiste vient, ce vendredi, d'enterrer la primaire présidentielle de son parti. Bien qu'il assure que ce mode de désignation du candidat PS pour 2017 «reste une possibilité», il n'organisera pas ce scrutin ouvert qui avait permis aux socialistes de s'offrir un bol d'air de rénovation en 2011. Car que nous annonce Jean-Christophe Cambadélis dans Le Monde ? Que la décision d'organiser (ou non) une telle primaire ouverte serait décidée «à l'automne 2016», lors d'un «conseil national». Du vent.
Comment imaginer, en effet, que le PS puisse réussir - avec toutes les difficultés logistiques que cela représente - un tel exercice démocratique du niveau de 2011 à (au mieux) sept mois du 1er tour de la présidentielle ? D'ailleurs, ceux qui avaient imaginé au PS cette primaire ouverte ne s'étaient pas trompés. A l'article 5.3.1 des statuts du PS, que lit-on ? «Au moins un an avant l'élection présidentielle, le Conseil national fixe le calendrier et les modalités d'organisation des Primaires.» Un an, pas sept ou huit mois… D'autant que Solférino ne pourra s'appuyer sur son maillage local décimé par les défaites électorales et des milliers de militants ayant rendu leur carte. La droite l'a bien compris : pour sa propre primaire, ses dirigeants ne cessent de citer en exemple… les socialistes. Les responsables de l'UMP sont déjà dans les préparatifs pour une consultation prévue en novembre 2016.
Cambadélis n'aura d'autres choix que de s'asseoir sur les règles internes du PS. Pourtant claires : «Le candidat à la présidence de la République est désigné au travers de primaires citoyennes ouvertes à l'ensemble des citoyens adhérant aux valeurs de la République et de la gauche et coorganisées par les formations politiques de gauche qui souhaitent y participer». Le patron du PS le sait. Pourquoi, alors, annonce-t-il dès maintenant que le parti organisera en «novembre 2016», «une convention» de cette nouvelle «alliance populaire» qu'il appelle de ses vœux et ayant pour objectif d'adopter «un schéma directeur, pour la prochaine présidentielle» ? Pour mettre tout le monde en rang derrière Hollande et éviter la multiplication des candidatures à gauche comme en 2002.
Cambadélis doit dire tout de suite qu’il n’organisera pas de primaire. Cela ne plaira pas aux militants croyant encore en la rénovation socialiste mais il aura le mérite de ne pas les décevoir. Parce que là, on nous prend pour des imbéciles.