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Au Pontet, le frontiste Joris Hébrard confirme son ancrage

Les élus FN à la loupedossier
Invalidé, le jeune maire FN est réélu dès le premier tour ce dimanche dans la commune du Vaucluse avec près de 60% des voix.
Joris Hébrard, au Pontet, avant l'élection. (Photo Patrick Gherdoussi)
publié le 31 mai 2015 à 20h50

Pour son anniversaire, Joris Hébrard ne pourrait pas rêver plus beau cadeau. Ce dimanche, jour de ses 33 ans, le candidat Front national a récupéré dès le premier tour son siège de maire du Pontet (Vaucluse), après l'invalidation de son élection en raison de signatures litigieuses sur les listes d’émargement. Avec 59,4% des voix selon les chiffres fournis par la mairie. Un scénario pas si surprenant, au vu des résultats des élections départementales de mars dernier: le binôme Hébrard-Brun avait recueilli dès le premier tour 58% des suffrages dans la commune de la banlieue avignonnaise (17 000 habitants), améliorant ainsi de 500 voix son score des municipales de mars 2014.

Désormais conseiller départemental du Vaucluse, le jeune kinésithérapeute peaufine encore, avec cette victoire, son image de jeune cadre dynamique du FN vauclusien. Une notoriété qu’il n’imaginait pas lorsque, totalement néophyte, il est présenté sous les couleurs frontistes face à une droite traditionnelle implantée dans la commune depuis des décennies.

Natif d'Avignon, Joris Hébrard n'est même pas un militant acharné. Encarté au FN depuis 2007, il fait partie de ceux qui ont trouvé leur place dans le sillage de la jeune députée Marion Maréchal-Le Pen, nouvelle patronne du parti d'extrême droite dans le Vaucluse. «La France va mal, et je pense que le FN propose les bonnes solutions, plaide Hébrard, précisant être «le premier de [sa] famille à [s]'engager politiquement.» Une famille qui, politiquement, butine sur tout l'échiquier politique. Lui-même assure qu'il était plutôt de gauche lorsqu'il était étudiant. «Pour toute la dimension sociale, explique-t-il. Mais les gens se perdent là-dedans. Quand je suis entré dans la vie active, j'ai compris. C'est l'intérêt de la France avant tout.»

«Cette histoire de cantine nous fera gagner»

Lorsqu'il est élu en mars 2014, alors qu'on met en avant son manque d'expérience, le kiné compense par une discipline quasi militaire: tous les samedis matins, il visite un quartier de la ville, recueille les doléances et promet le changement, enfin. Chez les Pontétiens, cette attention toute nouvelle fait son petit effet: «Pour une fois qu'on a un maire sympathique», se réjouit Jacqueline, habitante de la commune depuis trente-six ans. Comme beaucoup d'autres, elle claque la bise à l'élu lorsqu'elle le croise et loue sa disponibilité. Sympathique pour les uns, beau pour les autres...

L'enveloppe du maire séduit, et tant pis pour le contenu. Même lorsqu'il fait voter au conseil municipal, alors que la dette de la ville est de 50 millions d'euros, une augmentation de 44% de ses indemnités, ou lorsqu'il supprime la gratuité de la cantine pour une soixantaine de familles démunies de la ville, Hébrard trouve son public. «Cette histoire de cantine nous fera gagner l'élection, assure même Xavier Magnin, directeur de cabinet et double de l'ombre du jeune maire. Les gens ont félicité Joris pour cette décision, il y avait un vrai sentiment d'inéquité.» Mêmes applaudissements quand il augmente de 11 à 17 les effectifs de la police municipale. «Au niveau municipal, on est sur du pratique, souligne Joris Hébrard, qui se garde bien d'aborder les sujets trop idéologiques. «Les gens veulent que ça change, c'est tout, tranche-t-il. Est-ce que les gens connaissent les idées du FN ? Il faut leur poser la question. Nous, on incarne surtout la rupture avec l'ancien système. Et je pense que oui, on peut gérer sans idéologie.» Du moins sans trop l'afficher.