Menu
Libération

La Corse apaisée, le reste du territoire français se déchire

publié le 3 juin 2015 à 21h16

En débriefant mercredi matin le résultat du passage de la loi «Notre» en deuxième lecture au Sénat, la ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, a commencé par les progrès : «Nous aurons un accord entre les deux assemblées sur une collectivité unique de Corse. Le sujet est acquis, c'est une belle histoire.» Tant mieux pour la Corse. Pour le reste du pays, et des dossiers, ça s'annonce plus coton…

«On a reculé sur les intercommunalités et sur les syndicats intercommunaux», résume la ministre. Faire de grandes intercommunalités d'au moins 20 000 habitants (contre 5 000 aujourd'hui) ? Les sénateurs ne veulent pas entendre parler. «Il y a eu de trop longs débats sur le thème: "vous tuez la commune"… a soupiré Lebranchu. Mais une petite commune ne peut pas vivre seule !» Même freinage contre la réduction des innombrables syndicats intercommunaux et de leurs innombrables présidences qui représentent «17 milliards de dépenses, dont 9 de fonctionnement», la ministre soulignant qu'une partie de ce fonctionnement pourrait être assurée à meilleur compte par les intercommunalités. Les sénateurs ont aussi des crispations curieuses, comme le refus de partager la compétence tourisme.

Après des dizaines d'heures de débats dans les bottes, la ministre semble un rien désabusée : «Je trouve impressionnante la non-confiance des élus entre eux.» Sur la loi Notre, le gouvernement pourrait passer en force avec la deuxième lecture à l'Assemblée. «Mais le Premier ministre veut que l'on parvienne à un accord.» On n'a pas fini de discuter.