Franz a découvert l'impôt à la source lorsqu'il est arrivé en Allemagne. «Je pensais que tout serait plus simple qu'à Zurich, se souvient ce Suisse-Allemand jovial. Mais j'ai vite déchanté. Ma première surprise est que j'ai dû fournir quantité d'informations sur ma vie privée : situation familiale, âge de mes enfants, revenus de ma femme, confession de la famille, etc. Si j'avais eu deux familles en parallèle, ça aurait été impossible de le cacher à mon employeur !» s'amuse-t-il aujourd'hui.
L’Allemagne a été l’un des premiers pays industrialisés à introduire l’imposition à la source, en 1925. Aujourd’hui, personne ne songe outre-Rhin à s’étonner des questions indiscrètes que pose un employeur au moment de l’embauche. Elles serviront à calculer le taux d’imposition, appliqué en fonction du revenu du ménage et de la situation familiale. L’employeur reverse directement au fisc - et à l’Eglise pour les personnes baptisées - les prélèvements fiscaux.
Les Allemands ne sont pas pour autant dispensés de remplir une déclaration d’impôt. Chaque salarié reçoit en fin d’année une carte fiscale de l’administration de son arrondissement à faire remplir par l’employeur. Il y note le revenu annuel et le montant des cotisations sociales. Cette fiche cartonnée doit être retournée avec la déclaration d’impôts, à rendre en théorie avant le 31 mai mais un dépassement de délai n’est pas sanctionné. C’est là l’occasion de déclarer ses revenus annexes, tels que loyers ou intérêts perçus.
Timbres. «Avec la déclaration d'impôts commence un petit jeu auquel je n'étais pas du tout préparé, explique Franz. Tenter de récupérer le plus d'argent possible du fisc !» Différentes annexes sont en effet apportées à la déclaration afin de faire baisser la note. Et un tas de frais peuvent être déduits : frais de déménagement pour raisons professionnelles (y compris les frais de recherche d'un appartement tels que l'essence, les visites, les hôtels ou le téléphone), les dons, les frais de transport pour se rendre à son lieu de travail (remboursés de façon forfaitaire au kilomètre - raison pour laquelle tant d'Allemands travaillent loin de leur domicile), les frais de matériel de bureau et d'ordinateur (s'il est utilisé de façon professionnelle, pour les enseignants par exemple), les frais de candidature (photos, timbres, papier), les cotisations de nombreuses assurances (maladie, accident, responsabilité civile, invalidité), etc.
«Je me suis ainsi retrouvé avec quantité de dossiers, classés par année, contenant tous les originaux de mes factures - y compris pour les photocopies ou les timbres -, à garder pendant dix ans en cas de contrôle», poursuit Franz.
Sport national. Le remboursement survient dans un délai d'un à six mois. Forcer sur les notes de frais afin de tenter d'optimiser le système est un véritable sport national, notamment pour les professions libérales. De nombreux Allemands à leur compte parviennent ainsi à déclarer chaque année davantage de frais que de revenus, aidés en cela par des conseillers fiscaux parfois très astucieux. «Pour une personne étrangère au système et qui ne serait pas salariée, la déclaration d'impôt devient tellement compliquée qu'il est alors impossible de renoncer au conseiller fiscal», estime Franz. Les frais du conseil sont bien entendu déductibles.