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Analyse

UMP : Jean-François qui ?

Il y a un an, une éternité en politique, Jean-François Copé démissionnait de la présidence de l’UMP.
Jean-François Copé, le 30 mai, lors du congrès de transformation de l'UMP en Les Républicains. (Photo Charly Triballeau. AFP)
publié le 14 juin 2015 à 20h06

Il y a un an, une éternité en politique, Jean-François Copé démissionnait à contrecœur de la présidence de l’UMP. Un fauteuil conquis à la hussarde, où l’ambitieux a eu son heure de gloire avec la «vague bleue» des municipales de 2014, mais surtout des déboires, avec la tornade Bygmalion qui a balayé aussi plusieurs membres de son premier cercle : les Lavrilleux, Millot et compagnie. Scandale qui est encore venu le titiller récemment avec la polémique sur ce film de mariage gracieusement offert par un prestataire. Parce qu’il y a été contraint, le député et maire de Meaux observe depuis près d’un an une ascèse médiatique inédite dans son parcours politique. Une ligne de conduite qu’il revendique, fantasmant - qui sait ? - le genre de traversée du désert qui précède les grandes reconquêtes. Par exemple lors de la primaire de la droite en 2016, échéance à laquelle, laisse-t-il dire, il n’aurait pas (encore) renoncé.

A une ou deux cartes postales près, qui n’ont pas marqué les esprits, Jean-François Copé a disparu des radars. Qui s’en est rendu compte ? Pire, qui prend la parole pour le regretter ? Personne. Copé ne manque pas au débat national. Et les raisons tactiques qui avaient fait de lui le chef de l’UMP n’existent plus aujourd’hui. A commencer à par la principale : si Nicolas Sarkozy, lorsqu’il jouait les retraités à l’heureuse fortune, a soutenu de façon décisive sa victoire face à François Fillon pour la présidence du parti, c’était uniquement pour barrer la route à son ancien Premier ministre. Et non pour faire de Copé son dauphin. Le come-back de l’ex-chef de l’Etat et la faillite sondagière de Fillon dessinent à droite un paysage radicalement différent, dans lequel l’ex-homme fort de la rue de Vaugirard n’a plus guère d’espace politique.

Pour le grand public, Jean-François Copé, c’était devenu l’homme des «pains aux chocolats», mégaphone d’une droite qui se disait «décomplexée» pour ne pas s’avouer radicalisée. Un credo que Nicolas Sarkozy, désormais camelot de cette droite de plus en plus identitaire, entonne de meeting en meeting. Ses prestations en forme de one-man shows semblent inspirées tout à la fois par les obsessions d’un Patrick Buisson et par la trivialité d’un Jean-Marie Bigard - lesquels l’avaient, en d’autres temps, conjointement accompagné au Vatican baiser l’anneau papal.

De Copé, récemment pris pour cible, chez lui à Meaux, par une campagne d’injures via un horodateur piraté délivrant des tickets insultants, on se souvient qu’il avait aussi la singularité d’être un des responsables politiques les plus détestés dans son propre camp. Même dans ce domaine, il a été supplanté. Par un autre ambitieux «sans tabou» : Laurent Wauquiez.