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Billet

Le «renouveau» au Parti socialiste ? Arrêtez le huis-clos !

Jean-Christophe Cambadélis a promis au congrès de Poitiers de sortir le PS de «l'entre-soi»...
Lors du congrès du Parti socialiste à Poitiers, le 7 juin 2015. (Jean-Pierre Muller. AFP)
publié le 19 juin 2015 à 13h29

Le «renouveau». Slogan de congrès, Jean-Christophe Cambadélis le clame dans toutes ses interventions. A Poitiers, à la tribune, ça donnait «renouveau des têtes», «renouveau des thèmes», «renouveau de [l']organisation», «renouveau des méthodes»… Un nouveau Parti socialiste promettait ainsi le premier secrétaire début juin. «Chers amis ! Chers camarades ! Je souhaite, je vous demande, que le Parti socialiste sorte de l'entre soi et se tourne vers les Français», lançait-il en clôture de son discours de congrès. Prometteur. Ambitieux.

Mais sorti de la scène du grand théâtre rose, retour aux bonnes vieilles méthodes. Le conseil national du PS ce samedi après-midi à l'Assemblée nationale se déroulera «entre soi»: à huis clos. Fermer les portes et les fenêtres du parti lorsque son parlement se réunit, c'est devenu une spécialité regrettable de Cambadélis depuis qu'il a succédé à Harlem Désir à la tête de Solférino en avril 2014. Dans la préparation du congrès de Poitiers, consigne avait même été donnée de fermer les débats à la presse, lorsque le numéro 1 du PS se déplaçait. Des journalistes venus simplement rendre compte des échanges entre militants et responsables ont été priés de sortir de la salle. «Vous avez assez d'occasions de nous voir nous diviser, laissez-nous débattre entre nous», nous répondait-on alors. Une responsable expliquait carrément que «le huis-clos permet d'aller au fond du débat sans nous affaiblir». Avec cette logique, pourquoi le PS ne prend-il pas exemple sur Lutte ouvrière qui organise ses congrès, sans journalistes, dans un lieu tenu secret ?

Même après des crises comme celle post-référendum de 2005 ou de l'après-congrès de Reims en 2008, la direction du PS a toujours laissé ouvert son conseil national et assumé ses débats. Quand il est dit que le PS doit devenir un «grand mouvement progressiste» ayant «vocation» à «rassembler» les citoyens de gauche «dans une alliance populaire» et qu'on rêve de construire un «mouvement de citoyens» censé accueillir la «société civile» et des milliers de nouveaux adhérents, on ne ferme pas le parti dès son premier rassemblement. Ou alors on arrête de parler de «renouveau».