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Libération
Disparition

François Delapierre, proche conseiller de Mélenchon, est décédé

Jean-Luc Mélenchon et ses proches ont annoncé ce matin sur les réseaux sociaux la mort de leur camarade de 44 ans, cofondateur du Parti de gauche
Francois Delapierre en mars 2012. (Photo JACQUES DEMARTHON. AFP)
publié le 20 juin 2015 à 12h19
(mis à jour le 21 juin 2015 à 11h58)

Il était le plus proche. Le fidèle parmi les fidèles de Jean-Luc Mélenchon. Celui qui pensait comme lui. François Delapierre est décédé ce samedi matin des suites d’une tumeur au cerveau fulgurante et agressive. Il avait 44 ans.

Sur sa page Facebook, Mélenchon rend hommage à «un être très cher et un meneur sans lequel la vie et le combat sont plus difficiles», un «théoricien autant qu'organisateur» dont le «combat politique pour l'émancipation humaine […] a occupé sa vie jusqu'à son dernier souffle».

Pour une autre de ses camarades, Raquel Garrido, «le Parti de Gauche perd une partie de lui-même, écrit-elle sur son blog. François vivra dans chacune de nos actions, dans chacune de nos indignations, dans chacun des coups que nous porterons à ceux qui gouvernent ce monde injuste qui empêche le grand nombre d'être heureux».

Delapierre avait rejoint Mélenchon dans le courant de l'année 2000. Nommé à l'Enseignement supérieur par Lionel Jospin, il embarque alors à son ministère ce tout juste trentenaire pour organiser une petite équipe politique. «Delap» devient un homme très précieux pour Mélenchon: celui qui va l'accompagner dans ses dernières années au PS, organiser la campagne du «Non» socialiste au référendum européen en 2005, préparer la sortie socialiste puis la fondation du Parti de gauche avant d'être son directeur de campagne lors de la présidentielle de 2012. »Son rapport maîtrisé au temps et l'ambition sans limites qu'il avait pour notre mouvement lui permettait de déployer une efficacité et une capacité de décision inégalées, que chacun a pu constater pendant cette mémorable et magnifique campagne», écrit Garrido.

Antiracisme et socialisme

Né à Paris, Delapierre a grandi dans le Val d'Oise, à Margency. Ado, il distribue déjà les petites mains jaunes de SOS Racisme. Son baptême politique est pour 1986: au lycée Rousseau de Montmorency, il mène la grève contre le projet de loi Devaquet. «Les classes qui se soulèvent», le «physique» de la grève «fascinent» un garçon qui adhère au Parti socialiste dans la foulée. Il fait alors partie des jeunes recrues de Julien Dray qui le place en 1988 à la présidence de la Fidl, le syndicat lycéen majoritaire de l'époque. Sciences-Po, Unef, DEA en sociologie du travail, numéro 2 de SOS entre 1998 et 1999 sous la présidence de Fodé Sylla et en parallèle, il fait partie du courant de la Gauche socialiste de Mélenchon, Dray et Marie-Noëlle Lienemann.

Une fois passé chez Mélenchon, les deux hommes ne se quittent plus. C'est lui qui, avant la sortie du PS de Mélenchon et son carré de fidèles, organise le petit club «Pour la République sociale», le «brouillon» de ce que devait être ensuite le Parti de gauche. C'est avec lui que Mélenchon travaille l'idée selon laquelle le clivage gauche-droite n'aurait bientôt plus de sens et se transformerait en clivage»peuple-oligarchie».

Penseur et organisateur

Au PG, Delapierre a d'abord été délégué général, grand organisateur d'un parti centralisé devant propulser la candidature Mélenchon à la présidentielle puis chargé de la «bataille idéologique». Elu conseiller régional en 2010, il tentera - en vain - à deux reprises (en 2009 dans les Yvelines et en 2012 en Essonne face à Malek Boutih) de devenir député. Favorable à la stratégie du Front de gauche, il militait cependant pour plus de «clarté» de la part des alliés communistes, pas prêts, en 2014, à lâcher leurs alliances avec le PS. »Il avait toujours eu le goût de valoriser le talent des autres et en particulier celui des jeunes. Il a formé une grande part des responsables politiques du PG, en les accompagnant de sa puissance intellectuelle et bienveillance», ajoute Garrido.

L'homme était très proche de Mélenchon, lequel expliquant à quelques journalistes durant la campagne présidentielle qu'il était son «fils spirituel». Delapierre n'aimait pas l'expression. «ça ne m'intéresse pas d'être dans un rapport de dévotion, répondait-il à Libération en 2013. Je ne suis pas dans une relation fusionnelle avec Jean-Luc et je ne peux pas essayer de lui ressembler.» Il a tout de même été le seul à avoir repris la plume de l'éditorial de A gauche, une feuille de chou militante créée par Mélenchon au tout début de ses années socialistes et poursuivie au PG. Avec les dernières forces qui lui restaient, Delapierre a continué d'écrire cet édito. Faisant fonctionner son esprit et sa raison pour le combat politique. Jusqu'au bout.