Après sa défaite à Clichy-la-Garenne, le PS ne dirige plus aucune commune des Hauts-de-Seine. A gauche depuis un siècle, cette municipalité était la seule à avoir résisté à la vague bleue des municipales de 2014.
Mais l’élection du maire historique Gilles Catoire - successeur de Jacques Delors, aux affaires depuis 1985 - avait été annulé le mois dernier par le Conseil d’Etat après des querelles d’étiquettes entre deux candidats de droite : Didier Schuller, animateur sulfureux de la chronique clichoise, et Rémi Muzeau, éternel second couteau, invariablement candidat et toujours perdant aux élections locales des vingt dernières années.
Faute de combattant, voilà que ce sexagénaire autodidacte devenu chef d’entreprise, membre du RPR depuis sa création en 1977 dans les Hauts-de-Seine de Charles Pasqua, voit enfin se réaliser son rêve. Ni Catoire ni Schuller ne se présentaient. Candidat du parti Les Républicains (LR), Rémi Muzeau l’emporte haut la main (57,81%) sur le socialiste Julien Perez, ex-directeur de cabinet de Catoire, qui n’avait même pas le soutien des Verts.
Si elle ne constitue pas une surprise, la défaite de Clichy vient parachever un effondrement brutal. Comme il se doit, l'inamovible député-maire LR de Levallois-Perret, Patrick Balkany, a tenu en voisin à célébrer la victoire aux côtés de Muzeau, par ailleurs son suppléant à l'Assemblée nationale. L'initiative n'a pas été du goût des électeurs rassemblés dimanche devant la mairie de Clichy. Venu en territoire conquis, avec la moitié de son conseil municipal, le vieil ami de Nicolas Sarkozy, mis en examen pour «blanchiment de fraude fiscale» et «corruption», a été copieusement sifflé. Muzeau n'a-t-il pas promis, pendant sa campagne «la fin du clientélisme» ? «On repart à la case départ», commente l'ancien patron départemental du PS Pascal Buchet.
Historiquement très faible dans le département, les socialistes avaient déjà touché le fond au début des années 90. Maire de Fontenay-aux-Roses, Buchet était, en 1994, le seul élu PS au conseil général. La gauche des Hauts-de-Seine était alors presque exclusivement communiste. Et cela convenait très bien à Pasqua qui avait négocié avec le PCF son petit Yalta départemental. De 1994 à 2012, le PS avait peu à peu regagné du terrain, jusqu’à conquérir 5 villes et 4 circonscriptions : un record. Mieux encore : dans ce fief de l’ancien chef de l’Etat, Hollande avait fait presque jeu égal avec Sarkozy le 6 mai 2012 (49,5 % contre 50,5 %).