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Libération

Le très discret soutien de François Hollande à la Grèce

Le président de la République espère un accord au plus vite entre Bruxelles et Athènes mais ne soutient qu’à demi-mot Aléxis Tsípras.
publié le 22 juin 2015 à 20h06

«Pour un accord global et durable.» Toute la journée de lundi, l'Elysée et François Hollande lui-même ont répété ce que la France souhaitait obtenir à ce conseil européen extraordinaire convoqué le soir à Bruxelles. «Ce que je ne veux pas, c'est que ce soit un accord partiel ou limité dans le temps, a insisté le président de la République. Il y a des progrès dans la négociation, des propositions nouvelles qui sont faites. […] La France fera tout pour qu'un accord puisse sortir de la discussion.»

Equilibre. La position française est la même depuis des mois. Michel Sapin l'a rappelé lundi matin sur RFI : d'un côté, il faut «respecter le peuple grec et la démocratie», car «on ne peut pas demander à ce gouvernement-là de mener la même politique que le précédent», mais «en même temps», poursuit le ministre des Finances, «la Grèce est un pays, une nation, qui a signé des accords» et qu'il faut «respecter». Ni gagnant, ni perdant ?

Equilibre difficile à tenir… Certes, Hollande a été le premier chef d'Etat d'un grand pays de l'UE à recevoir le Premier ministre grec, Aléxis Tsípras. Au PS, on explique ces derniers jours que «le gouvernement grec [juge] l'activité ou l'action de la France […] tout à fait satisfaisante».

Mais lorsque l'Allemagne, par la voix de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ou bien le Fonds monétaire international (FMI) s'expriment publiquement pour critiquer le refus de la Grèce de toucher aux retraites ou à la TVA, «on n'entend pas la voix de la France», regrette-t-on du côté des alliés français de Syriza. «Or, ce qui compte aussi, c'est la bataille des opinions publiques», ajoute Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche.

La droite s'est engouffrée dans cette discrétion française. «La question est "où François Hollande veut-il nous entraîner ?"» a balancé Sébastien Huyghe, le porte-parole du parti Les Républicains (LR).

A défaut d'expression forte, François Hollande se contente «d'écouter». Lundi matin, il a ainsi reçu une délégation des signataires de l'appel «La place de la France est aux côtés du peuple grec», publié la semaine dernière dans Libération. Et profité de leur passage à l'Elysée pour qu'ils relaient un message : «les propositions de Tsípras sont acceptables». «Acceptables ne veut pas dire acceptées», tempère dans le même temps son entourage. Hollande «donne crédit au gouvernement Tsípras pour refuser les demandes de la troïka [FMI, de la BCE et de la Commission, ndlr]», a rapporté Julien Bayou, porte-parole des écologistes et membre de cette délégation avec - entre autres - le communiste Pierre Laurent. Mais, «comme toujours avec Hollande, précise Coquerel, on peut en sortir en se disant qu'il est d'accord avec vous. Et après les faits tranchent…»

Distance. Le soutien de la France à la Grèce se fait donc par petits signaux. Hollande se montre ouvert aux alliés de Tsípras en France en les recevant à l'Elysée. Ou bien envoie son ministre des Finances dans les médias féliciter les Grecs pour leur «travail […] de qualité» après que Jean-Christophe Cambadélis est allé voir, vendredi, l'ambassadrice de Grèce à Paris pour afficher le «soutien» des socialistes. Dans la foulée, le patron du PS a lancé samedi un «appel solennel» en direction du «FMI pour qu'il cesse d'entraver tout compromis possible».

En public, Hollande se contente de rester à bonne distance. Et explique que si aucun accord n'est trouvé lundi soir à Bruxelles, les «bases» de discussions devront être «telles qu'un accord» puisse être «possible dans les prochains jours». Il avance sans à-coups. Comme souvent.