«Ne participez au vote piège» : cette consigne, Jean-Marie Le Pen l'avait déjà diffusée hier sur Twitter, exhortant les adhérents du FN à bouder la consultation organisée par leur parti - et qui pourrait entraîner, notamment, la suppression de la présidence d'honneur qu'il occupe depuis 2011. Histoire de bien faire passer le message, l'ex-patron frontiste remet ça, ce mardi, dans une lettre ouverte publiée sur son site personnel.
Plus remonté que jamais, Jean-Marie Le Pen s'en prend aux «termes mensongers et [aux] affirmations diffamatoires de Marine Le Pen, qui, semble-t-il, n'a rien appris de la crise qu'elle et son bras droit Philippot ont ouvert au sein du Front National». Ironique, le «Vieux» estime que «le caractère parricide de l'opération ne fait pas sourciller la femme-d'Etat-aux-portes-du-pouvoir, mais cause un grand trouble dans la conscience et le cœur des militants».
Il maintient les propos qui lui ont valu son éviction
Peu de nouveautés sur le fond, Jean-Marie Le Pen critiquant notamment la technique du «vote bloqué» utilisé pour la consultation interne : chaque adhérent devra approuver ou rejeter en bloc les différentes réformes proposées par la direction du FN, sans possibilité d’en approuver certaines tout en refusant la déchéance du patriarche. Le Pen juge également que, contrairement aux assurances du mouvement, le vote n’est pas anonyme et expose donc ses partisans à d’éventuelles représailles.
Jean-Marie Le Pen maintient les propos qui lui ont valu son éviction (réédition du «point de détail» sur RMC, interview musclée au journal Rivarol), et semble expliquer celle-ci par la volonté de sa fille de se rendre acceptable à la «communauté juive», ou à certains de ses représentants : «Cette fois, la dénonciation d'antisémitisme est venue de l'intérieur du Front, présenté par Marine comme le "bouclier de la communauté juive", écrit-il. Par Marine, dont Cukierman, le président du CRIF, affirme qu'elle est "irréprochable". Dans le même temps, Maître Goldnadel porte plainte contre moi pour "la fournée" et devient l'avocat de Florian Philippot».
«La vérité, conclut Jean-Marie Le Pen, c'est qu'il s'agit de faire accepter par les adhérents un changement de ligne politique en faveur du socialo-gaullisme prôné par Philippot». Les adhérents du FN sont appelés à se prononcer d'ici au 10 juillet. Avant cette date, le 2 juillet, Jean-Marie Le Pen connaîtra le résultat de son action en justice visant à faire annuler sa suspension et à obtenir l'organisation d'un congrès physique et non postal.