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Libération

Commerce : tactique hasardeuse de Paris

publié le 29 juin 2015 à 21h46

La note de la NSA (2 août 2011)

Des représentants de l’UE voient un manque de leadership US sur les questions commerciales et émettent des doutes sur l’initiative du Pacifique. (TS//SI//OC/NF)

«Hiddo Houben, responsable du commerce extérieur de l’UE, a insisté [auprès de Jean-François Boittin, conseiller du ministre français des Finances] sur le fait que le partenariat transpacifique, qui est une initiative américaine, paraît conçu pour contraindre la Chine à des négociations dans le futur.»

Ce que l’on peut en dire

Le front de la diplomatie commerciale multilatérale déserté (lire ci-contre), les Etats-Unis multiplient les accords bilatéraux (Panama, Colombie, Corée) et réactivent la piste d'accords régionaux : transpacifique (TPP), zone de libre-échange entre 12 pays, ou transatlantique (TTIP ou Tafta, avec l'UE, dossier encore plus explosif). La ratification du TPP, qui maillerait 40% du PIB de l'économie mondiale, 26% du commerce planétaire, est un combat personnel pour Obama, qui entend passer en force pour mieux «vendre des produits américains au reste du monde». Fin juillet 2011, la NSA intercepte des discussions entre Jean-François Boittin, un proche du ministre du Commerce d'alors, François Baroin, et Houben, le négociateur en chef pour le commerce et l'agriculture à la Commission européenne. Washington pousserait à un accord transpacifique avec les pays frontaliers de la Chine pour mieux l'isoler. Mais pour Houben, le processus sera si long que les Etats-Unis «n'auront d'autres choix que de se tourner à nouveau vers l'OMC». Hypothèse démentie par le temps. Car Obama s'est multiplié pour parvenir à un deal rêvé par les milieux d'affaires. Qu'il pourrait voir aboutir avant la fin de son mandat, malgré l'opposition de la majorité des démocrates, des syndicats et des ONG qui y voient une succession de menaces. La Chambre des représentants vient en effet d'approuver la procédure accélérée et le Sénat s'y est rallié à son tour ce 24 juin, laissant la voie libre à Obama. Alors que même Hillary Clinton assure qu'elle n'aurait pas donné son feu vert pour un TPP qu'elle avait pourtant promu en tant que secrétaire d'Etat. Pour l'instant, l'accord reste encore secret. «L'heure de la transparence a sonné pour le TPP, a assuré Assange, qui propose 100 000 dollars à qui lui fournira le "secret le plus recherché d'Amérique".» Sur 29 chapitres du partenariat, WikiLeaks en a déjà révélé trois.