C'est «aux habitants de Nord-Pas-de-Calais-Picardie» que Marine Le Pen réservait sa déclaration de candidature aux régionales. Tel était du moins l'argument servi par le FN, ces dernières semaines, pour justifier le faux suspense autour du choix de sa présidente de se présenter ou non à ces élections. Finalement, ce sont les téléspectateurs de la chaîne i-Télé qui auront eu la primeur de sa déclaration, de bon matin ce mardi. Avant que celle-ci ne file à Arras (Pas-de-Calais) pour une annonce en bonne et due forme, quoique un peu éventée, dans l'auditorium d'un hôtel à quelques pas de la gare.
«Voici des mois que la sphère politico-médiatique s'agite au sujet de mes intentions», a cabotiné la présidente du Front national, tandis que des opposants de gauche organisaient un concert de casseroles à l'extérieur du bâtiment. Revendiquant d'avoir «pris le temps de réfléchir», l'eurodéputée a déclaré avoir «fait le choix du courage, de la passion». Et s'est dite prête à gérer de front une éventuelle présidence de région et la campagne présidentielle à venir : en cas de victoire, Marine Le Pen se mettrait «en congé», déléguant la gestion des affaires courantes à son équipe.
«La mieux placée pour remporter cette région»
Est-ce la préoccupation de ne pas perdre sa stature nationale dans ce combat local ? Toujours est-il que les thèmes régaliens ont fait jeu égal avec les sujets régionaux dans le discours de Marine Le Pen : de l'euro à l'immigration en passant par le terrorisme, le tout saupoudré de l'inévitable équation UMP=PS. C'est que «Nord-Pas de Calais-Picardie est un concentré des difficultés qui minent notre pays, a justifié la candidate. Tous les problèmes que nous dénonçons au niveau national, et contre lesquels nous bâtissons des réponses, sont ici exacerbés.»
Par son cadre comme par son contenu, le discours laissait donc une étrange impression de hors-sol. Et bien peu d'indices sur la façon dont le FN s'approprierait les compétences régionales stricto sensu – compétences «limitées» qui ne permettront pas de «tout changer», a simplement reconnu Marine Le Pen. C'est en octobre que sera dévoilé le programme frontiste pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Ce mardi, la candidate s'est seulement posée en bouclier des territoires «sacrifiés par la réforme territoriale». Celle qui aspire à présider la future grande région nordiste s'en est prise à ces «objets politiques non-identifiés, hors-sol», «cocktails détonants dont je compte bien vous protéger».
Affichant sa confiance, Marine Le Pen s'est jugée «la mieux placée pour remporter cette région». Au diapason de premiers sondages la plaçant en tête des intentions de vote devant Xavier Bertrand (LR) et Pierre de Saintignon (PS). Rendez-vous à la rentrée pour le véritable début de la campagne.