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Libération
Compte-rendu

Interview présidentielle : Hollande encense Valls, élude 2017 et tacle le FN

Lors de sa traditionnelle interview du 14 juillet, le président a vigoureusement défendu son Premier ministre. Cet hommage entre pourtant en contradiction avec ses déclarations sur l’éventuel élargissement de la majorité, pour faire revenir les écologistes au gouvernement.
Le président français François Hollande durant son intervention télévisée du 14 juillet 2015 à Paris (Photo ALAIN JOCARD. AFP)
publié le 14 juillet 2015 à 16h27

«Quand on a un bon Premier ministre, on le garde». On ne pourra pas reprocher à François Hollande d'avoir louvoyé sur cette question-là dans son interview du 14 juillet. Si certains dans la majorité commençaient à émettre l'idée d'un changement de chef du gouvernement - afin d'incarner une «nouvelle phase» du quinquennat et d'emmener la future campagne présidentielle - le président a refermé la porte de Matignon à double tour. «Manuel Valls a vocation à rester jusqu'à la fin du quinquennat», a-t-il expliqué après avoir défendu son Premier ministre, attaqué pour avoir parlé de «guerre de civilisation».

Pour Hollande, on fait un faux procès à Valls car «il n'a pas dit les choses ainsi». L'hommage du président à son binôme à la tête de l'exécutif entre cependant en contradiction quasi-totale avec ses déclarations sur l'éventuel élargissement de la majorité, pour faire revenir les écologistes au gouvernement. Car pour la majeure partie des dirigeants d'Europe Ecologie-Les Verts, Valls incarne la politique de rigueur et le social-libéralisme. Son maintien à Matignon est donc le principal obstacle à leur retour. Ce que Hollande sait parfaitement bien. «Ceux qui veulent venir travailler sont les bienvenus, je ne vais pas aller les chercher», a-t-il donc lâché, dressant la liste des sujets sur lesquels les Verts pourraient concourir s'ils étaient au gouvernement, au premier desquels la COP21 sur le changement climatique qui se déroulera à Paris fin novembre. «Face à cet enjeu-là ceux qui veulent donner leur concours sont les bienvenus, a fait valoir le chef de l'Etat. Je ne vais pas faire de contrôle à l'entrée».

Il évoque «une certaine idée de la France»

Interrogé sur 2017, François Hollande a fait mine d'éluder. «Je ne vais pas faire ici une quelconque annonce» de candidature, a-t-il prévenu, insistant sur son boulot de président qui lui prendrait tout son temps. «Vous avez vu les sujets qui sont les miens? Grèce, sécurité, Iran, emploi… Et je serai moi, là, en train de penser à une candidature». En revanche, sans jamais nommer ni le parti ni ses dirigeants, François Hollande a désormais un discours très rodé contre le Front national qui ambitionne d'être au deuxième tour en 2017. Depuis ses vœux du 31 décembre dernier, il tourne autour de l'idée que «la France n'est pas une nostalgie» afin d'incarner le camp du progrès et du mouvement. «C'était mieux avant? Non je ne pense pas», a-t-il repris, passant en revue les maux du XXe siècle des guerres mondiales à la colonisation. «Ce que nous avons à faire c'est la France de demain», a insisté Hollande, qui a brodé sur la «patrie» et les «idéaux» en ce jour de Fête nationale. Sans reprendre le thème de l'identité, dont nombre de socialistes pensent que ce sera le cœur de la présidentielle de 2017, le président a disserté sur «l'âme française», osant même une référence à Charles de Gaulle quand il a évoqué «une certaine idée de la France». «Un pays comme le nôtre ne doit pas être fermé, il doit aller de l'avant, a-t-il insisté. Moi ce que je veux c'est une France plus forte et qui garde ce qui fait son âme, […] Je ne suis pas pour la France crispée, je ne suis pas pour la France enfermée, je ne suis pas pour la France rabougrie, je ne suis pas pour la France qui se divise. Je laisse ça à d'autres». Marine Le Pen se reconnaîtra.