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Libération
Éditorial

Pour Hollande, fini l’humilité des petits matins bruxellois

publié le 14 juillet 2015 à 19h36

Moi président, je marcherai sur l'eau. Certes, l'interview télévisée du 14 Juillet, domaine réservé du Président, donne toujours lieu à une inflation de «je». Mais celle qu'a livrée François Hollande mardi, entre le «sauvetage» de la Grèce et l'accord sur le nucléaire iranien, était particulièrement chargée en autosatisfaction, un exercice assez inédit pour le chef de l'Etat. Terminée, l'éternelle séance d'autopersuasion sur sa politique économique. Finie, l'humilité des petits matins bruxellois. Envolée, la prudence sur la suite des événements européens. On lui reproche d'avoir accepté une mise sous tutelle de la Grèce ? Il élude les réformes drastiques exigées d'Athènes pour estimer que la Grèce «aurait été humiliée si elle avait été sortie, si elle avait été lâchée, licenciée de la zone euro». Bref, «l'humiliation, c'eût été de la chasser» et lui, François Hollande, l'a empêchée face à une Europe du Nord pas franchement portée sur la solidarité. Comme il y a quand même quelque chose qui cloche en Europe, il relance l'idée d'un «gouvernement économique de la zone euro», à laquelle il ajoute un «Parlement de l'euro» - sans plus de précision. Même son hommage à Aléxis Tsípras le «courageux» semble pointer vers lui : «Il a été élu sur un programme très à gauche et se retrouve à porter des réformes difficiles.»

Sur la forme, même s'il a mangé la consigne de ne pas recevoir les journalistes à l'Elysée, c'est sa quatrième Fête nationale et François Hollande se balade un peu. Sur le fond, aucune question sur sa vie privée ou les dissensions de sa majorité n'est venue troubler ses démonstrations de président protecteur parfois gonflées. Quand les questions reviennent sur son dada, les réformes économiques, surtout. «Vous en connaîtrez d'autres, j'espère, des présidents aussi audacieux que moi», ose le président normal. Qui aura probablement également fait sursauter sa gauche lorsqu'il a asséné que «l'égalité, c'est toujours possible» mais qu'elle «ne doit pas être une entrave à la liberté».