Grimé par ses opposants les plus bas du casque en suppôt de l'islamisme pour son seul deuxième prénom, Barack Hussein Obama, pas musulman pour un cent, a souhaité jeudi que l'Aïd el-Fitr, le dernier jour de jeûne du ramadan, devienne férié pour les écoliers de son pays. Dans une Amérique pas vraiment plus tolérante que la France de 2015, l'initiative, courageuse, illustre aussi le communautarisme qui structure la société outre-Atlantique. Avec cette mesure ciblant les enfants, Obama défend «un moyen de rappeler à tous les Américains qu'il est important de respecter toutes les croyances et religions», «une reconnaissance de la diversité et du caractère inclusif qui ajoutent à la richesse de notre nation». Loin de cette affirmation inclusive, dans une France qui oppose au communautarisme un idéal républicain bien souvent dévoyé et alors que l'air du temps est volontiers «laïc-hard», une telle initiative mettrait à coup sûr le feu aux poudres. Dans un pays, la France, où le couscous est pourtant considéré depuis des années comme un plat national. Où nombre de maires de gauche, comme Anne Hidalgo à Paris ou, plus rarement, de droite, tel Christian Estrosi à Nice, partagent pendant le ramadan des repas de rupture du jeûne - à l'instar d'Obama en juin à la Maison Blanche.
Récurrent, le débat français sur les jours fériés est resté stérile, alors que six de nos onze jours fériés sont d’essence catholique : Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption, Toussaint et Noël. Seule cette dernière ayant une dimension quasi universelle.
Chez les opposants les plus braqués contre toute évolution, on défend mordicus «nos racines chrétiennes», si fragiles qu'une seule inflexion suffirait à les ébranler. Les mêmes refusent, pour les mêmes crispations, de voir les églises délaissées profiter à un islam de France, deuxième religion du pays et en mal de lieux de culte. Il est enfin confortable, mais pas faux, d'affirmer qu'accorder un jour férié aux musulmans reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore et la porte aux revendications des juifs, des hindous et de qui sait-on d'autres. Lors de la dernière présidentielle, seule la candidate écolo, Eva Joly, qui n'en fut pas récompensée, a défendu la création de deux nouveaux jours fériés - un pour les musulmans, un pour les juifs. L'immobilisme n'étant pas une option, l'alternative est simple : laïciser et donc refonder tous nos jours fériés, à l'exception de Noël.