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L’Elysée et Bercy bataillent sur l’avenir du CICE

publié le 19 juillet 2015 à 20h26

Au sommet de l'Etat, se déroule, ces jours-ci, une étrange partie de cartes. Avec une distribution pour le moins étonnante. Dans le premier rôle, François Hollande, l'inventeur du CICE, ce crédit d'impôt de 20 milliards d'euros lancé en novembre 2012. Or, depuis quelques semaines, le chef de l'Etat réfléchit à transformer son dispositif en un mécanisme de baisse de charges, dans un souci de lisibilité et de simplification. Mais Hollande fait face à une étrange coalition qui va du Medef, à Bercy, en passant par certains frondeurs du PS. Depuis quelques jours, ministres à Bercy et conseillers à Matignon assurent même que les jeux sont faits : le CICE ne bougera pas, en tout cas en 2016. «Ça a été en débat mais ce n'est plus d'actualité», certifie un proche de Valls.

Du côté de Bercy, on entend garder le cap. Argumentaire rodé à la clé. Primo, pas question de perturber des candidates à la défiscalisation des charges qui ont été lentes à s'approprier le dispositif. «Procéder de suite au basculement vers un mécanisme de baisse de charges serait donner l'impression qu'on doute de l'outil que nous avons mis en place il y a un an et demi», insiste un conseiller de Macron. Bref, l'Elysée est prié de prendre patience. Autre front de soutien au CICE, plus surprenant celui-là, le Parti socialiste. Pour infléchir la politique économique en faveur de la demande, les députés Guillaume Bachelay et Jean-Marc Germain, qui vont remettre un rapport sur le prochain budget, tablent sur une éventuelle réorientation vers les ménages et les collectivités des 15 milliards encore à débloquer du pacte de responsabilité. En revanche, pas touche au CICE.

L’Elysée connaît tous ces arguments par cœur. Mais le calendrier de Hollande a une autre contrainte, à la fois économique et très politique : il lui faut pouvoir afficher une diminution du chômage rapidement. Or, la transformation du CICE en baisse de charges permettrait à l’Etat de récupérer entre 4 et 5 milliards d’euros qui pourraient servir à la lutte pour l’emploi. Avec une baisse des charges sociales, les bénéfices des entreprises augmentent d’autant et, avec eux, les rentrées de l’impôt sur les sociétés. Voilà pourquoi le Medef est lui aussi sur une ligne «pas touche au CICE». A l’Elysée, on réfléchit déjà à l’utilisation de cette cagnotte : en créant, par exemple, de nouveaux dispositifs incitatifs à l’embauche, notamment pour les PME. Histoire d’inverser une bonne fois pour toutes cette maudite courbe du chômage.