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FN : Jean-Marie Le Pen n'exclut plus une candidature dissidente en Paca

«Je vois des amis, je les consulte», annonce le président d'honneur du FN, que des soutiens locaux poussent à se présenter lors des élections régionales de décembre.
Jean-Marie Le Pen, en juin à Nanterre. (Photo AFP)
publié le 20 juillet 2015 à 17h12

Il y a quelques jours encore, Jean-Marie Le Pen excluait une candidature dissidente aux régionales de décembre dans «sa» région de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca). La chose n'est peut-être plus si impossible aujourd'hui : interrogé par l'AFP, le président d'honneur du FN déclare qu'il «consulte» actuellement ses proches sur ce sujet. «Je ne suis pas seul, contrairement à ce que disent M. Philippot et Mme Le Pen, explique-t-il. Je ne prends pas de décision seul, je vois des amis, je les consulte, nous échangeons des idées, nous imaginons des perspectives pour arracher notre pays au sort qui lui est promis.» Est-ce un changement de position par rapport à ses récentes réserves ? «Ce sont des situations qui évoluent en permanence», justifie le patriarche, tout en assurant ne pas encore avoir arrêté sa décision.

En Paca, la «situation» en question est effectivement assez volatile. Ces derniers jours, plusieurs conseillers régionaux sortants ont pris position contre l'actuelle direction du FN, lui reprochant une ligne «gauchisante» ainsi que son intransigeance vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen. Les élus rebelles, pour la plupart représentants de la vieille garde du FN, s'en prennent également à Marion Maréchal-Le Pen, tête de liste dans la région, à laquelle ils reprochent d'avoir écarté trop des leurs en vue des régionales à venir. L'un des principaux points de crispation semble être la désignation de l'ex-UMP Olivier Bettati comme tête de liste dans les Alpes-Maritimes. Ces critiques ont valu à plusieurs frontistes locaux d'être suspendus du parti.

La semaine passée, ces élus avaient déjà annoncé leur intention de constituer des listes dissidentes, qui feraient concurrence à celles du Front national en décembre. «Une fois que ces listes seront complètes dans les six départements provençaux, elles feront appel à Jean-Marie Le Pen pour qu'il revienne sur sa décision de se retirer de la compétition», avait annoncé Jean-Louis Bouguereau, premier vice-président du groupe frontiste au conseil régional. Un appel du pied auquel Jean-Marie Le Pen n'exclut donc plus de répondre. «Il y a eu des mouvements d'humeur après la désignation de Bettati, mais ce n'est pas la première fois, explique la conseillère régionale dissidente Lydia Schénardi. Jean-Marie a dû penser que ça retomberait. Avant de s'apercevoir que le phénomène a une ampleur inédite : il y a des aigreurs accumulées depuis longtemps qui ont vu la faille et sont sur le point d'exploser».

Toutefois, la route est encore longue d'ici à un éventuel retour électoral de Jean-Marie Le Pen, dont les dernières déclarations ne visent peut-être qu'à rajouter un peu plus de pression sur les épaules de sa fille. La présidente du FN misait sur une éviction rapide de son père après les propos polémiques tenus sur RMC et dans Rivarol : elle a finalement vu ses décisions remises en cause par la justice - une nouvelle échéance importante devant avoir lieu le 28 juillet. Ces revers, et la fronde en Paca, menacent sérieusement de polluer la rentrée frontiste, qui verra le parti tenir ses universités d'été à Marseille début septembre, puis le véritable début de la campagne régionale. La situation est tout aussi délicate pour Marion Maréchal-Le Pen, jusqu'à présent bien placée dans les sondages, mais à qui cette dissidence pourrait coûter cher dans les urnes.

«Tout cela met de la confusion dans les esprits, trouble le message, soupire-t-on dans l'équipe de campagne de la candidate. Que voulez-vous qu'on fasse ? On ne va pas caler notre campagne sur les déclarations de Jean-Marie Le Pen. Mais de la part de gens qui, lorsqu'il s'agit d'autres partis, n'ont de cesse de vouloir "sortir les sortants", ces agissements sont assez étonnants».