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Libération
Edito

Varoufákis, Assange… pour les partis, l’été sera «show»

L'ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, lors d'une session parlementaire à Athènes le 15 juillet 2015 (Photo LOUISA GOULIAMAKI. AFP)
publié le 20 juillet 2015 à 19h56

Un embouteillage. Ou plutôt un défilé digne d’un tapis rouge. Plus d’une quinzaine de rendez-vous viendront rythmer la rentrée politique, jusqu’à la saturation : les «journées d’été» des écologistes, dont Julian Assange sera mi-août l’invité-vidéo vedette (comme au Front de gauche en 2012), le «campus» du parti Les Républicains, mi-septembre, sans oublier les initiatives autonomes des nombreux leaders du PS et de LR, engagés dans une logique de promotion personnelle (renforcée par l’avènement des primaires). De quoi pousser chacun à tenter de sortir du lot, dans cet univers de plus en plus concurrentiel, où les uns connaissent le sort d’un film modeste au milieu des blockbusters, quand d’autres obtiennent le prix du jury médiatique, ou le césar du meilleur espoir politique.

Sous l'impulsion d'Arnaud Montebourg, le festival de Frangy (Saône-et-Loire) s'est imposé comme une valeur sûre du plateau de rentrée, particulièrement l'an dernier avec la désormais fameuse réplique de la «cuvée du redressement», balancée en compagnie de Benoît Hamon. Pour l'édition 2015, le metteur en scène - qui a quitté entre-temps le gouvernement sur un scénario qu'il n'avait pas écrit - a dégainé encore plus fort, en bookant la rock-star de la gauche européenne et même occidentale : le Grec Yánis Varoufákis. Ou comment faire de Frangy-en-Bresse une Croisette d'un jour investie par une meute de journalistes venus (presque) du monde entier. Digne d'une campagne présidentielle…

Le casting a tout pour exploser le box-office. Reste à savoir si, au-delà de l’image, dont on se demande qui elle sert le plus, de Varoufákis ou de Montebourg (on penche quand même pour le second), le résultat sera aussi fructueux sur le plan politique. Espérons que les deux ex-ministres, au verbe charismatique et aux punchlines impitoyables, ne jouent pas la facilité du buzz au détriment du contenu. L’un comme l’autre ont un public, une audience, et cela les oblige à dépasser leur rôle de cogneur. Libres de critiquer l’Europe telle qu’elle est, ils ont la responsabilité de nous parler aussi de celle qu’ils aimeraient construire, et de nous dire s’ils comptent s’y investir concrètement. Etre des ministres virés ne fait pas automatiquement d’eux des observateurs. Mais s’ils comptent rester des acteurs, alors ils ne doivent pas seulement jouer, mais agir.

Apprenant la présence de Varoufákis à Frangy-en-Bresse, le député PS Sébastien Denaja a formulé le vœu de voir Aléxis Tsípras participer à l’université d’été du parti, à La Rochelle. Un bon mot, on l’espère. Rappelons que lors du dernier congrès du PS, le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, avait convié un certain Georges Papandréou, ex-Premier ministre grec, président du Pasok de 2004 à 2012 et de l’Internationale socialiste depuis 2006. Pas vraiment une guest-star. Tsípras à La Rochelle ? Et pourquoi pas Macron à la Fête de l’Humanité ?