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Libération
Récit

Ecologistes : j'aime le gouvernement, moi non plus

Les Journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts s'ouvrent ce jeudi à Lille. Avec en toile de fond le rapport avec les socialistes au pouvoir. Retour sur les épisodes marquants de la saison dernière.
Jean-Vincent Placé, sénateur EE-LV, et la secrétaire nationale du parti, Emmanuelle Cosse, en avril à l'Assemblée. (Photo Bertrand Guay. AFP)
publié le 18 août 2015 à 10h49

La fin des vacances approche. Les partis politiques préparent leur université d’été. Cette année, le cartable risque de peser lourd. Au programme : élections régionales, Cop 21 et lancement de la présidentielle. Jeudi, à Lille, les écolos ouvrent le bal. Comme toujours, les débats risquent d’être animés. Mais avant de plonger tête baissée dans le futur, on vous propose un petit flash-back de la saison passée. Avec quatre moments de crispations au sein de la famille verte. En toile de fond, le retour, ou non, des écologistes au gouvernement.

Août 2014: à Pessac, Cécile Duflot annonce la couleur

Les écolos se retrouvent à Pessac, près de Bordeaux. Pour la première de leurs Journées d'été, tous les regards se tournent vers Cécile Duflot. Et pour cause, cinq mois après sa sortie du gouvernement, elle a dégainé un bouquin, De l'intérieur : voyage au pays de la désillusion (Fayard). Au fil des pages, elle égratigne François Hollande et dézingue Manuel Valls. L'initiative donne le sourire à une grande majorité des militants. Mais plusieurs cadres et élus, dont le chef de file des sénateurs, Jean-Vincent Placé, comme celui des députés, François De Rugy, tirent la tronche. Quelques jours avant l'université d'été, ils ont signé un texte dénonçant la sortie du gouvernement comme une erreur stratégique, une «fuite devant les responsabilités, [un] syndrome de Peter Pan [refus de grandir et d'affronter le réel, ndlr] qui entrave les écologistes.» Et appellent à «créer les conditions d'un retour dans un gouvernement du mouvement et non pas de la conversation», en vain. Cécile Duflot ne bronche pas.

Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse, à Pessac le 21 août 2014.

Mars 2015: départementales, l’alliance de la discorde

Une première: 45% des candidats EE-LV se présentent aux départementales en tandem avec un candidat du Front de gauche. Jean-Vincent Placé, président du groupe EE-LV au Sénat, guette l'histoire d'amour d'un mauvais œil. Il déclare : «Il y a tout à la fois un déplacement vers l'extrême gauche des Verts et, de facto, une marginalisation des questions d'écologie. Je suis inquiet de cette orientation que je combats. Pour celles et ceux qui pensent que la priorité de l'année à venir est de casser du socialiste et de fracturer la majorité, je dis que cela n'a aucun sens.» David Cormand, responsable des élections chez EE-LV, analyse les choses autrement : «Pour la première fois, on sera présent dans 920 des 2054 cantons. Et dans 80% des cas on se présente sans le PS.» Nouvelle crise. Dans les colonnes de Libération, Cécile Duflot explique que ces alliances sont «des choix par canton». Mais qu'il faut, tout de même, créer une nouvelle force politique avec un «grand P». Quelques semaines plus tard, les élections passent et les écolos se ramassent avec ou sans le Front de gauche. La maison verte est au bord de l'implosion.

Avril 2015: la droite du parti passe à l’attaque

Les pro-gouvernement organisent, à l'Assemblée nationale, une réunion avec «la famille écologiste au sens large» pour débattre. Le thème ? Un retour des écolos au gouvernement. La gauche du parti est absente. Le moment choisi n'arrive pas par hasard. Quelques jours après la rouste des départementales, une rumeur circule : François Hollande prépare un remaniement. Jean-Vincent Placé et sa bande se montrent disponibles. Si Hollande décroche son téléphone ils fonceraient sans attendre la décision du parti. Dans les colonnes de Libération, Jean-Vincent Placé déclare: «La sortie du gouvernement ne nous a rien apporté. Les sympathisants affirment, sondages après sondages, que nous devons participer aux responsabilités.» Puis: «Notre posture protestataire actuelle est incomprise. Nos électeurs nous attendent sur la responsabilité et l'action. Arrêtons la course à l'extrême gauche. Coller au Front de gauche, c'est prendre le risque d'apparaître antieuropéen.» Même son de cloche chez Denis Baupin: «Nous sommes membres de la majorité, nous devons assumer de participation au pouvoir.» Les jours passent. Le président de la République ne change rien. Raté. Les pro-gouvernement ne baissent pas les bras et visent désormais le remaniement post-régionales de décembre.

Jean-Vincent Placé et Emmanuelle Cosse. Photo Bertrand Guay. AFP 

Juin 2015: la discorde s’invite à l’Assemblée

Nouveau psychodrame chez les Verts. L'empoignade se joue à l'Assemblée. A gauche, neuf frondeurs du groupe écologiste qui réclament, via un courrier, une réunion pour élire un nouveau bureau. Parmi eux, Cécile Duflot, Eva Sas et Danielle Auroi. Ils remettent en cause la coprésidence de François de Rugy et Barbara Pompili, pourtant désignés en 2012 pour toute la durée de la législature. Rugy s'étonne de la démarche et rappelle qu'il avait «proposé un vote il y a deux mois. Cela avait été refusé par les mêmes qui le réclament aujourd'hui». La revendication de l'aile gauche porte surtout sur une meilleure lisibilité de leur ligne. «Entre nous, il y a des divergences sur le fond, plusieurs députés ne sont pas d'accord avec les positions de la présidence. On aimerait que nos positions soient mises en avant. Aujourd'hui, les deux présidents expriment les mêmes pensées et parlent en notre nom en conférence de presse», détaille la députée Isabelle Attard, qui a quitté EE-LV puis Nouvelle Donne qu'elle avait rejoint. Aujourd'hui, François de Rugy et Barbara Pompili sont toujours co-présidents. Mais le désaccord rôde toujours.