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Désintox

Donald Trump met les étudiants et les retraités au chômage

Le candidat à la primaire républicaine prétend que le «vrai» taux de chômage américain est de 42%, incluant au passage les étudiants, les retraités et les parents au foyer.
Le candidat à la primaire républicaine Donald Trump lors d'un discours à Cleveland le 6 août 2015 (Photo MANDEL NGAN. AFP)
publié le 24 août 2015 à 18h24
«Notre vrai taux de chômage est de 42%.»

Donald Trump, candidat à la primaire républicaine, dans une interview au Time le 18 août 2015

Chômage au plus bas depuis 2008, consommation des ménages dynamique, rebond des exportations... L'économie américaine a beau reprendre des couleurs, Donald Trump continue de tacler la politique économique du gouvernement Obama. Dans une interview au Time, le candidat à la primaire républicaine évoque un taux de chômage à 21%, avant d'affirmer que le «vrai» taux de chômage aux Etats-Unis est de 42%.

Le milliardaire n'en est pas à sa première approximation sur le sujet. Dans son discours de candidature en juin dernier, Donald Trump, décidément ardent défenseur de la vérité avec un grand V, prétendait déjà que le «vrai» taux de chômage américain (toujours lui) se situait entre 18 et 20%, ce qui lui avait valu un fact-checking en règle des médias américains.

Un taux de chômage à 5,3% selon le département du travail

Si l'on s'en tient aux dernières statistiques du département du travail américain, l'équivalent de notre ministère du Travail, le taux de chômage est actuellement de 5,3%. Mais beaucoup de détracteurs de la politique économique d'Obama reprochent à cette statistique officielle de sous-évaluer délibérément le chômage. Ils lui préfèrent un autre indicateur, celui de la sous-utilisation de la main-d'œuvre («labor underutilization rate» ou «U-6 rate»), actuellement à 10,4%. Cette statistique, qui provient également du département du travail, comprend, en plus des chômeurs au sens strict, le temps partiel subi et les personnes désirant travailler mais dont la recherche d'emploi n'est pas assez récente pour qu'ils soient compatiblisés dans le taux de chômage classique. Il n'existe aucune autre statistique officielle plus élevée.

Comment Donald Trump peut donc bien arriver à son taux de 42% ? Le candidat à la primaire républicaine évoque «un graphique» indiquant que «90 millions de personnes ne travaillent pas, 93 millions pour être exact». Les dernières statistiques du département du travail font bien état de 93,77 millions d'inactifs («not in the work force») en juillet dernier. Mais contrairement à ce qu'a l'air de croire naïvement Trump, la très grande majorité d'entre eux n'a aucune intention de travailler : il s'agit principalement de retraités et de préretraités, de mères au foyer, ou encore de lycéens et d'étudiants.

Comme le souligne le blog de fact-checking du Washington Post, Donald Trump arrive probablement à 42% en combinant ce chiffre, les 8,2 millions de chômeurs au sens du département du travail et les 6 millions d'Américains employés à temps partiel contre leur gré (par opposition au temps partiel choisi qui, lui, concerne 20 millions de personnes)... Ce qui est complètement fantaisiste.

Le milliardaire pourra toujours avancer que le taux de participation de la main-d'œuvre, soit la part des Américains en âge de travailler occupant ou cherchant un emploi, est tombé à 62,6% – contre 65,7% au début de la présidence Obama. Une tendance due surtout aux départs à la retraite massifs de la génération des baby-boomers.