Une standing ovation. Invité d'honneur des «réformateurs», l'aile droite du PS, Emmanuel Macron a été chaleureusement applaudi par près de 200 personnes ce jeudi midi. Dans une salle jouxtant le superbe château Carbonnieux à Léognan (Gironde), le ministre de l'Economie a théorisé, durant plus d'une heure, sa vision du réformisme, «le cœur du progressisme». Droit du travail, vie politique, Union européenne, dépenses publiques… Aucun sujet n'a été oublié.
Il a commencé son propos en présentant les «quatre caractéristiques du monde dans lequel nous vivons» : «la mondialisation», «l'innovation», «l'accélération», et une économie «de plus en plus inégalitaire». Le hérault des libéraux du PS s'en est notamment pris «à tous ceux qui prônent un repli sur soi» : «Vouloir ignorer le monde c'est condamner des millions de Français à l'absence de perspective […]. Si nous ne réformons pas alors nous cédons à la fatalité.» Devant une assemblée conquise, Emmanuel Macron a notamment regretté «notre philosophie de la grammaire de la production, qui n'a pas changé depuis post-45 (sic). Echouer est une maladie grave et réussir est quelque chose de suspect.»
Emmanuel Macron a ensuite abordé le sujet, épineux, du droit du travail. Selon lui, le marché du travail est «une des véritables inégalités réelles» en France. «Il y a trop de lois et pas assez de contrats en France, a-t-il poursuivi. Le Code du travail protège trop les insiders – et notamment les CDI de grands groupes et les fonctionnaires – au détriment des outsiders», à commencer par les jeunes. S'il n'a avancé aucune proposition concrète, sa marge de manœuvre reste limitée dans ce domaine. Ce jeudi matin, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a ainsi opposé une fin de non-recevoir à ceux qui souhaitaient toucher au Code du travail: «S'il s'agit de remettre en cause le code du travail, ce sera sans le Parti socialiste !», a-t-il mis en garde sur LCI.
Piez de nez
Le ministre de l'Economie s'est notamment félicité de la réforme des prud'hommes dans sa loi sur la Croissance et du pacte de responsabilité «qui a permis aux entreprises de voir augmenter leurs marges pour la première fois depuis une décennie». Il a également apporté une réponse au bureau national du PS qui a préconisé, fin juillet, une réorientation d'une partie du pacte de responsabilité en faveur des ménages et des collectivités locales. «Le pacte de responsabilité a rendu les entreprises plus fortes. Il faut maintenant leur donner de la stabilité et de la visibilité», a-t-il martelé. Un beau pied de nez aux frondeurs réunis en ce moment même à Marennes pour leur rentrée d'été.
Macron s'est ensuite montré très critique envers une Union européenne «qui dérive au fil de l'eau», appelant notamment à la création pour la zone euro «d'un gouvernement unique, d'un budget unique et d'un Parlement». Enfin, alors que le PS ouvre demain ses universités d'été à La Rochelle, Emmanuel Macron qui ne s'y rendra pas, a reconnu ne pas être «familier des jeux d'appareil» et s'oppose aux professionnels de la politique : «La profession politique n'est pas une profession réglementée.»