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Tiens, revoilà Jean-Marc Ayrault

La proposition de l'ancien Premier ministre de baisser la CSG sur les bas revenus devrait animer l'université du Parti socialiste.
Jean-Marc Ayrault à Nantes le 9 avril 2015 (Photo JEAN-SEBASTIEN EVRARD. AFP)
publié le 27 août 2015 à 9h30

Un air de revanche. A la veille de l'université d'été du Parti socialiste, l'ex-Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, pourtant très discret depuis son départ de Matignon, revient dans le débat budgétaire avec une proposition qui va faire causer dans son camp: baisser la Contribution sociale généralisée (CSG) «sur les bas revenus dès 2016». Après s'être engagé pour l'impôt à la source, l'ancien maire de Nantes, dans une interview aux Echos, préconise ainsi cette solution pour la prochaine «baisse d'impôts» annoncée il y a quelques jours par François Hollande et confirmée par Manuel Valls. «La CSG aurait un impact immédiat, explique-t-il. Cela permettrait à tous les Français de bénéficier de cet effort de redistribution».

«Aujourd'hui, l'impôt sur le revenu n'est plus payé que par 47 % des Français, justifie-t-il. Agir à nouveau sur l'impôt sur le revenu ne ferait que diminuer encore le nombre d'assujettis, alors que l'objectif doit être d'aller vers un impôt citoyen et progressif qui soit payé par tout le monde.» Ayrault, qui tiendra à La Rochelle une conférence sur l'impôt à la source - autre proposition qu'il défend dans un petit livre (1) avec l'économiste et député PS du Rhône, Pierre-Alain Muet - demande ainsi que soit «vers(ée) une fraction de la nouvelle prime d'activité sous forme d'une CSG dégressive, c'est-à-dire réduite, pour les revenus inférieurs à 1,3 SMIC».

Le prédécesseur de Valls revient ainsi avec le sujet qui avait sauvé une première fois sa tête à Matignon fin novembre 2013 : la réforme fiscale. Sur la sellette, Ayrault avait alors relancé ce chantier, sans l'accord de l'Elysée, et annoncé des «propositions à l'été 2014». Qu'il n'avait pu mettre sur la table, Valls le remplaçant début avril. «Reprendre ce chantier est indispensable, insiste le député de Loire-Atlantique dans les Echos. L'addition de mesures prises au coup par coup ne suffit pas à redonner sa cohérence au système. Le moment est venu de donner du sens et de la lisibilité !» Soit, un joli coup de pouce de l'ancien Premier ministre à ceux, à la gauche du PS, qui se réunissent aujourd'hui à Marennes (Charente-Maritime) et réclament eux aussi la «grande réforme fiscale» promise par Hollande en 2012. Une CSG «progressive» est d'ailleurs l'une de leurs propositions depuis leurs premières critiques de la politique du gouvernement en 2013.

Ayrault nouveau «frondeur»? «La réforme fiscale est un sujet sur lequel je me suis toujours engagé, se justifie-t-il. Je veux être utile et il y a des moments qui sont propices à faire passer des messages et exprimer des convictions. Je le fais dans un esprit constructif, pour que le quinquennat de François Hollande soit une réussite». L'ex Premier ministre veut «avance(r) avec prudence mais aussi avec détermination». «Il ne faut pas renoncer, dit-il. Un quinquennat, c'est cinq ans. Il n'y a pas de pause dans les réformes, mais une continuité et une cohérence depuis 2012. C'est cela qui pourra donner de l'espoir et expliquer le sens de notre action à ceux qui ont cru en nous.» Sûr que ce retour dans le débat fiscal devrait animer la rentrée socialiste.

(1) Pour un impôt juste, prélevé à la source (Editions Jean-Jaurès, 70 pages)