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Libération
édito

François Hollande succombe aux sirènes du centre

François Hollande, le 25 août 2015 à l'Elysée. (Photo Philippe Wojazer. AFP)
publié le 2 septembre 2015 à 19h26

Que François Hollande reconnaisse, dans le livre de la journaliste du Monde Françoise Fressoz (1), qu'il a «engagé des réformes qui ne sont pas toutes de gauche mais servent l'intérêt général», peut constituer une forme de courage. Après tout, le citoyen et le militant comprendraient que les circonstances peuvent conduire un chef d'Etat à mener une politique dont l'ADN n'est pas nécessairement celle de sa famille et donc de son programme. Le problème est que ces circonstances n'ont jamais été clairement explicitées ni dramatisées. Que Hollande confesse dans le même livre qu'après réflexion, «il aurait gardé l'augmentation de la TVA pour boucler le budget que [Sarkozy] nous a laissé», relève, là, du simple cynisme. Il laisse entendre qu'un chef d'Etat tout juste élu n'est pas tenu par ses engagements. Hollande s'est pourtant fait élire en partie sur sa critique de la TVA sociale tout juste votée par la droite. Or, non seulement il a fini par augmenter la TVA pour financer son CICE, mais il déclare aujourd'hui regretter d'avoir respecté le mandat que lui avaient confié ses électeurs. Enfin, quand le chef de l'Etat confie qu'il «a fait le pari que la gauche était devenue mature, que minoritaire dans le pays, elle serait capable de comprendre qu'elle devait faire bloc pour gouverner», il faut s'inquiéter pour son avenir politique. Hollande laisse entendre que si sa politique (et sa personne) est aussi impopulaire, ce serait la faute de l'immaturité de sa famille. En clair, je ne suis responsable de rien, et elle de tout. Au final, avec ces trois confidences, il assume le risque de mener une politique centriste, notamment dans sa dimension économique et sociale, qui peut déboussoler son propre camp. Politiquement, on pourrait comprendre ce pari s'il existait un débouché électoral. Mais avec la candidature d'Alain Juppé ou de François Bayrou, l'espace du centre en 2017 sera occupé. Juppé l'a très bien compris. Mercredi sur France Inter, le maire de Bordeaux a déclaré en substance que le principal handicap de Hollande est moins sa politique que l'absence de majorité pour la soutenir. Une incongruité qui, de fait, disparaîtrait avec son élection.

(1) Le stage est fini,éd. Albin Michel.