Huit morts - dont deux enfants -, quatre blessés hospitalisés : c'est le très lourd bilan de l'incendie qui a ravagé, mercredi vers 4 h 30, l'immeuble du 4, rue Myrha, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. L'origine du sinistre, le plus grave depuis 2005, serait «criminelle», selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, arrivé tôt sur place.
Un homme de 36 ans, qui avait sur lui une bougie et un briquet, a été interpellé «à proximité» et placé en garde à vue. Il a été arrêté «à la suite de l'exploitation des premiers témoignages et des images», a précisé une source proche de l'enquête, confiée par le parquet de Paris à la brigade criminelle de la police judiciaire.
La piste d’un acte volontaire a été privilégiée très rapidement, en raison du déroulé même de l’incendie, ou plutôt des deux incendies qui se sont succédé : un premier, après 2 heures, facilement maîtrisé, suivi d’un second départ de feu, après 4 heures du matin, à l’issue tragique.
Mathias a été l'un des premiers témoins. Ce jeune photographe se trouve dans une rue adjacente, vers 2 h 30, quand il croise les pompiers. «"C'est un incendie criminel", me disent-ils. Mais à ce moment, il n'y a aucun flic, seulement les pompiers.» Mathias s'approche. L'incendie est éteint, les soldats du feu repartent. «J'ai discuté avec des gens qui étaient à leur fenêtre, au troisième étage, ils ne savaient même pas ce qui s'était passé. Quant à la porte de l'immeuble, elle était restée ouverte.» Une version confirmée par un locataire du 4, qui explique que le digicode ne fonctionnait pas bien. Pour Gabriel Plus, porte-parole des pompiers de Paris, «il n'y avait pas, à ce moment-là, de conséquences tragiques à imaginer».
Un deuxième incendie se déclare pourtant deux heures après. Locataire depuis trois ans au rez-de-chaussée en fond de cour, Florent est alerté par des «cris», peu avant 4 h 30. «J'ai vu des flammes aux fenêtres du bâtiment situé côté rue.» Il traverse la cour centrale, se retrouve sous les projections de débris de bois et de plastique. Il emprunte le hall, où se dégagent d'importantes fumées, avant de rejoindre la rue. Un homme et une femme gisent au sol, défenestrés. Un ado, lui, s'en sort en sautant vers une fenêtre de l'immeuble mitoyen.
Alertés à 4 h 33, les pompiers arrivent à 4 h 39. Le feu est violent, la chaleur intense. Une soixantaine d’hommes sont mobilisés. Ils progressent rapidement dans la cage d’escalier. Des échelles sont déployées pour évacuer les personnes réfugiées aux fenêtres. Sept seront sauvées ainsi. D’autres ont moins de chance. Dans les étages, les pompiers découvrent six corps sans vie, dont deux enfants. Certains sont brûlés au troisième degré.