A la campagne, mais pas encore en campagne. Ni celle à laquelle tout le monde pense, ni celles des régionales de décembre. Quoique… François Hollande était accompagné par douze de ses ministres ce lundi matin en Haute-Saône, dont le premier d’entre eux, pour un «comité interministériel aux ruralités» délocalisé à Vesoul. L’occasion de confirmer les mesures annoncées lors d’une première réunion de ce type, à Laon, en mars. Et de dire à ces «territoires» en crises (agricole, sociale, industrielle…) que la gauche ne les a pas abandonnés. En Haute-Saône, Marine Le Pen était déjà à 25% en 2012. Le parti d’extrême droite arrive aujourd’hui en tête, à 30% lors des départementales de mars.
«La ruralité, ce n'est pas une nostalgie, ce n'est pas une France figée […] repliée sur elle-même», a insisté Hollande devant la presse et les élus en conclusion de ce comité organisé en préfecture de Vesoul. Le chef de l'Etat a ainsi vanté ce qui «fait» la «ruralité» (agriculture, forêt, «innovations», «modes de vie», «solidarités»…) pour mieux s'opposer à la vision du «c'était mieux avant» portée par l'extrême droite et une partie de la droite: «Ce qui menace notre pays […] ce n'est pas de perdre son identité mais l'idée qu'il se fait de lui-même.»
Et comme preuve d'amour, le président de la République est arrivé à Vesoul avec «21 nouvelles mesures». Rien de révolutionnaire mais quelques aides bienvenues pour se présenter en garant des services publics : «maintien des stations-service indépendantes», installation de «bornes de recharge électrique tous les 50 kilomètres», création de 1000 maisons de santé d'ici 2017, promesse que «personne [ne soit] à moins de 30 minutes d'un service d'urgence», «couverture 4G sur 22 730 kilomètres de voies ferrées», extension du «prêt à taux zéro pour la réhabilitation des logements à 30 000 communes rurales». Le chef de l'Etat a également annoncé que la moitié du milliard d'euros destiné, dans le projet de budget 2016, à l'investissement des collectivités locales sera «spécifiquement dédiée aux territoires ruraux».
Bonne parole
Pour habiller au mieux cette opération «ruralités», les ministres devaient chacun, à leur arrivée en Haute-Saône le matin, aller porter la bonne parole – et surtout le bilan – de l'action gouvernementale dans leur domaine : une école pour Najat Vallaud-Belkacem (Education nationale), un Pôle Emploi et une mission locale pour Myriam El Khomri (Travail), une exploitation agricole pour Stéphane Le Foll (Agriculture)… Et pour Hollande et Valls, une usine de meubles à Saint-Loup-sur-Semouse. L'occasion de rappeler la prochaine réforme du code du travail «qui donnera aux entreprises une liberté dans le cadre légal pour adapter l'organisation, le rythme».
L'occasion, aussi, de tester les Français en vrai. Après sa visite d'usine, François Hollande a fait stopper le convoi présidentiel pour descendre de sa voiture et serrer quelques pinces sur le marché du village. Et voilà comment le chef de l'Etat a renoué avec ces «déambulations» improvisées dont il est gourmand, au risque d'affoler son service d'ordre. Idem à son arrivée, en fin de matinée, à la préfecture de Vesoul. Descendu de sa voiture, il a repassé les grandes grilles vertes de la cour pour saluer et embrasser dans la rue quelques personnes parmi les dizaines présentes. Parmi elles, un paquet de collégiens sortis de l'établissement voisin pour une photo vite envoyée sur les réseaux sociaux. «Pour une fois qu'il se passe quelque chose à Vesoul, on l'immortalise !» rigole une jeune fille. Un dernier bain de foule pour Hollande avant de rentrer à Paris en début d'après-midi : façon de se rassurer, quand sa popularité stagne à 20% dans les sondages. Mais à part ça, François Hollande n'est pas en campagne.