Guy Bedos n'oublie rien, il se souvient de tout. C'est le titre de son dernier livre, paru il y a quelques jours chez Fayard. Il se souvient des bons mots comme des mauvais, des compliments comme des injures, des chefs d'Etat comme des baladins. Si le tribunal correctionnel l'avait condamné, lundi 14 septembre, pour avoir traité Nadine Morano de «conne» dans un de ses spectacles, il aurait sans doute fallu envoyer son livre au pilon car beaucoup de celles et de ceux qu'il brocarde auraient pu s'estimer injuriés, de Poutine à Nétanyahou en passant par Claude Lanzmann. Mettre aussi au rebut certains de ses ouvrages précédents ainsi que beaucoup d'autres. Et censurer tous ces humoristes qui ne sont jamais plus drôles que dans l'outrance, cela en fait un paquet. Soulagement, Bedos a été relaxé, le tribunal estimant dans sa grande sagesse qu'il était resté dans «la loi du genre» en tant qu'humoriste, et qu'il n'avait «pas dépassé ses outrances habituelles» (réitérées samedi soir chez Laurent Ruquier).
Nadine Morano lui réclamait 15 000 euros de dommages et intérêts, qu'elle souhaitait verser à des associations de lutte contre les violences faites aux femmes. A l'audience, elle a refusé de serrer la main que lui tendait l'humoriste. «Nous ne sommes pas au théâtre», lui a-t-elle rétorqué, ratant là une bonne occasion de montrer qu'elle avait de l'humour, qualité indispensable à toute femme ou homme politique d'envergure. A ce propos, Bedos évoque dans son livre une autre plainte contre lui déposée par… Marine Le Pen. «Toutes ces femmes de droite et d'extrême droite qui se jettent sur moi, une partouze judiciaire.» Il a raison, mieux vaut en rire.