La photo du jeune Aylan publiée dans certains médias ou sur les réseaux sociaux a provoqué chez beaucoup de nos lecteurs un déclic. Certains ont souhaité s'organiser pour apporter une aide à ces réfugiés qui franchissent nos frontières, mais sans trop savoir comment le faire. D'autres agissaient déjà localement avant la fameuse photo.
Nous avons entrepris de faire se rencontrer ces deux publics : ceux qui veulent aider, et ceux qui aident déjà. Début septembre, nous avons réalisé un appel à contributions pour recenser toutes les initiatives locales destinées aux réfugiés : cours de français, aide juridique, don de vêtements et de nourriture, aide juridique… Au total, nous en avons reçu plus de 400.
Parmi elles, vous vous en doutez, des parasites. Certaines nous ont fait bien rire. Trois contributions nous proposaient de loger les migrants au 11, rue Béranger (l'adresse des locaux de Libération), l'une d'entre elles suggérant d'ailleurs de nommer cette initiative «gauche morale et donneuse de leçon». Quatre d'entre elles nous proposaient aussi de reloger les migrants à l'Elysée (comme c'est original). Mention spéciale pour le petit rigolo qui nous soumet cette initiative : «Je m'appelle Jean-Christophe Cambadelis et suis heureux d'ouvrir la porte de mon luxueux logis à toute la misère du monde.» Lol.
Une fois les comptes faits, nous avons pu répertorier grâce à vous 190 initiatives locales sérieuses dans toute la France. Mais ce qui nous a étonnés surtout, c’est le nombre de lecteurs qui ont proposé d’héberger un ou plusieurs réfugiés et de donner de leur temps (90 au total) sans passer par une association ou une institution.
Certains souhaitent prêter une chambre dans un foyer familial : «Nous sommes des particuliers (un couple avec une fille de 10 ans) et nous pouvons héberger une personne. Nous avons une grande maison» ; «Je suis une jeune maman de deux enfants, j'ai deux chambres de plus et serais intéressée de loger des réfugiés syriens chez moi. Mon devoir est d'en aider au max, voila des enfants seuls, des mamans avec des enfants… Alors si c'est possible ce sera avec joie que je les accueillerai…» ; «Je ne suis pas riche, je vis seule et suis retraitée. Je possède une chambre que je peux laisser pendant quelque temps à un couple en difficulté.»
Retrouvez notre carte Comment aider les migrants près de chez vous ?
D'autres offrent un logement complet : «Je suis propriétaire d'une maison de 80m2 à Angoulême. Maison inoccupée depuis plus de deux ans. Je souhaiterais mettre ce bien à disposition de réfugiés (famille avec enfants)» ; «J'ai un studio 45m2 qui a été un peu malmené par ses anciens locataires mais avec un coup de propre il peut accueillir une petite famille. Le principal défaut qui me tracasse c'est que c'est à la campagne, ce qui ne facilite pas les déplacements pour une bonne intégration sans véhicule.»
Si ces initiatives personnelles nous ont touchés par leur générosité, nous n'avons pu les intégrer à la carte, dont le principe n'est pas de faire se rencontrer l'offre et la demande mais bien de constituer une ressource pour ceux qui souhaitent s'engager. Nous invitons donc les lecteurs qui souhaitent héberger des réfugiés à contacter une association ou une institution près de chez eux, ou à joindre le collectif Singa, qui, à travers sa plateforme Comme à la maison se propose de faire ce travail de placement. Ces contributions témoignent d'un l'élan de solidarité. L'essentiel désormais, est de le rendre pérenne.