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Libération

L’autotest sida arrive enfin en pharmacie

publié le 14 septembre 2015 à 19h56

Il vaut autour de 25 euros, il dure quinze minutes et il se fait à partir d’une simple goutte de sang. L’autotest sida est là, il arrive. Et on le trouve en vente libre à partir de ce mardi dans toutes les pharmacies de France. C’est une petite révolution, mais elle aura mis bien du temps à débarquer dans un pays toujours rétif à l’autoconsommation médicale. Aux Etats-Unis, ces tests sont, par exemple, accessibles depuis trois ans.

Leur utilisation est aisée. Après avoir désinfecté le bout de son doigt avec la lingette fournie, l'utilisateur le pique à l'aide d'une aiguille. Il prélève ensuite une goutte de sang grâce à l'embout du test, qu'il place sur le support. Celui-ci recherche la présence d'anticorps du VIH. Les résultats apparaissent au bout de quinze minutes : une barre si c'est négatif, deux si c'est positif. Et après, comment interpréter les résultats ? Si le test est positif, il est conseillé à l'utilisateur d'appeler son médecin ou Sida info service, «afin de ne pas rester seul face au diagnostic».

Cette arrivée était d’autant plus nécessaire que la France a toujours une grande particularité sur le front du sida : tous les ans, on évalue entre 6 000 et 7 000 le nombre de nouvelles contaminations, ce qui est loin d’être négligeable. Et cela alors même que la France est un des pays où il y a le plus de tests réalisés par an (plus de 5 millions) mais, manifestement, ils ne touchent pas les groupes les plus sensibles. D’où l’intérêt de ces autotests, comme des études récentes le confirment. L’équation est connue : on évalue à près de 30 000 le nombre de personnes ignorant leur séropositivité, parmi lesquelles un tiers sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, un autre tiers sont des personnes originaires d’Afrique subsaharienne et le dernier tiers sont des hétérosexuels nés en France.

Ces personnes, qui ignorent leur statut, seraient à l'origine d'au moins 43 % des nouvelles infections. «Faciliter le dépistage répété des populations les plus à risque est une priorité de santé publique en France afin de diminuer la taille de l'épidémie cachée», explique l'Agence nationale de recherche contre le sida, qui précise que, «pour atteindre cet objectif, il fallait diversifier encore l'offre de dépistage».