Alors que le Sénat se lance, avec plus de 1 000 amendements, dans une guerre ouverte contre la loi santé de Marisol Touraine, Claude Evin, qui fut ministre de la Santé sous Michel Rocard et vient de quitter la direction de l’Agence régionale de santé de l’Ile-de-France, revient sur les enjeux.
On a le sentiment que le monde de la santé va mal…
C’est un univers qui doit s’adapter en permanence, avec une pression forte sur les professionnels, sur les institutions. Nous avons des indicateurs en nette progression, avec des faiblesses qui s’aggravent, comme les inégalités sociales et territoriales.
On n’entend plus parler que d’économies…
On ne peut pas, dans un système reposant sur la solidarité nationale, ne pas compter. Mais ce discours ne suffit pas. Il faut poser les enjeux, fixer des priorités. Un exemple : les maladies chroniques, ce sont plus de 13 millions de patients qui représentent la moitié des dépenses de prestation maladie : comment passe-t-on d’un système cloisonné à un système coordonné pour mieux prendre en charge ces patients ?
Certes, mais le gouvernement demande 3 milliards d’économies…
Il faut repenser l’organisation de l’offre de soins. La question économique est importante, mais celle de la qualité est liée. En Ile-de-France, on a réduit le nombre de services de chirurgie ouverts la nuit. Il y a moins de services mais ils sont tous de qualité.