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Libération
EDITORIAL

Comique

Alors que la droite qui donne à la moindre occasion des leçons de rigueur financière au gouvernement, ses élus locaux refusent les mesures d'économie.
Le député Les Républicains François Baroin, le 27 novembre 2014, à Paris. (Photo Stéphane de Sakutin. AFP)
publié le 17 septembre 2015 à 20h06

L’affaire est franchement farce. Depuis trois ans, la droite républicaine donne à la moindre occasion des leçons de rigueur financière au gouvernement, à la gauche et même à la société française en général, stigmatisant sur tous les tons la dérive des dépenses publiques, l’inflation de la dette, la persistance des déficits, l’addiction des Français à la subvention, à l’assistanat et à l’aide publique. Les journaux conservateurs, les think tanks libéraux orchestrent ce chœur des affligés du laxisme budgétaire, dénonçant les effectifs pléthoriques des collectivités locales, les hôtels de région construits à coups d’emprunts, la prolifération des associations tenues à bout de bras par les villes.

Dans le souci de tenir ses engagements européens, de réduire un déficit structurel, de limiter des dépenses publiques qui atteignent 57 % du PIB, quasi record mondial, constatant que cette proportion n’a guère amélioré le bonheur des Français tout en grevant les finances publiques, le gouvernement s’avise de faire des économies, et prévoit que l’effort sera également supporté par les collectivités locales.

Et voici François Baroin, ancien ministre du Budget, qui trouve des accents dignes de SUD et de la CGT pour dénoncer les efforts demandés, rejoint - ce qui est tout de même plus logique - par une escouade de maires de gauche. Il faut protéger l’investissement public, dit-il, et continuer de financer l’action bienfaisante des communes. Que ne le dit-il aux dirigeants de son propre parti, qui exigent à son de trompe des économies à peu près doubles de celles que prévoit l’équipe Valls ? Les maires demandent une atténuation des efforts. C’est compréhensible quand on croit aux vertus de l’action publique. Mais quand on passe son temps à pousser les hauts cris devant l’impéritie supposée de la gauche, c’est un numéro de comique troupier.