Vendredi, l'Equipe a inauguré une nouvelle formule au format tabloïd (le même que Libération). La fin d'une édition XXL qui, depuis sa création voilà près de soixante-dix ans, obligeait ses lecteurs à faire de la place autour d'eux pour se plonger dans ses pages.
Même les spécialistes ont du mal à prendre la mesure du symbole. «C'était le dernier quotidien national grand format en France, mais il doit en rester d'autres dans la presse quotidienne régionale. Ouest France, peut-être ?» tente l'un d'eux. Raté, c'est un berlinois, comme le Monde. Les derniers journaux grand format dans l'Hexagone sont l'Est républicain, Vosges Matin et le Républicain lorrain. Mais ils ne tiendront pas longtemps. Selon PresseNews.fr, l'Est républicain deviendra un tabloïd en 2016.
Le changement de mensurations de l'Equipe illustre bel et bien la fin du broadsheet. Un héritage du XIXe siècle, «quand on lisait le journal en l'étalant sur la table, rappelle Patrick Eveno, historien de la presse. C'était un symbole, comme les instituteurs en blouse grise. Maintenant, ils portent des jeans. On peut trouver ça triste, mais je crois que c'était inéluctable». Les modes de vie ont évolué, et le bourreau du grand journal papier s'appelle mobilité.
A l’heure où on s’informe dans les transports collectifs, les supports doivent être plus petits. Patrick Eveno estime d’ailleurs que l’un des coups de génie des journaux gratuits, c’est d’être des demi-tabloïds.
Sauf que, symboliquement, enterrer le grand format signifie occuper physiquement moins d’espace en kiosques, dans la rue, dans la vie publique.