Après avoir mis le feu à gauche en dézinguant les 35 heures, Emmanuel Macron semble s'être trouvé une nouvelle cible. Invité vendredi du think-tank de gauche En temps réel, le ministre de l'Economie s'en est pris au statut de la fonction publique, jugé plus «adéquat» et «surtout n'est plus justifiable compte tenu des missions» selon lui. «Je ne vois pas ce qui justifie que certains cadres de mon ministère bénéficient d'un emploi garanti à vie, et pas le responsable de la cybersécurité d'une entreprise…», a-t-il déclaré selon des propos rapportés par Challenges.
«Il faut réfléchir. Ce n'est pas une idée de droite», s'est justifié le ministre, ajoutant que la réforme, nécessaire dans le cadre de la réduction de la dépense publique, ne s'appliquerait qu'à «un certain nombre de missions».
François Hollande a tenté de rattraper le tir vendredi en décorant un fonctionnaire de l'Ordre national du mérite à la préfecture de Corrèze, parlant d'«un fonctionnaire d'Etat, un fonctionnaire attaché à son département de la Corrèze et, comme je le suis, attaché à son statut». Et de poursuivre : «Voila pourquoi je voulais saluer à travers vous toute notre fonction publique, les fonctionnaires de l'Etat, territoriaux et hospitaliers. Etre fonctionnaire, ce n'est pas être dans une position figée, ce n'est pas refuser la modernité être fonctionnaire, c'est, au contraire, être toujours capable d'anticiper de prévoir et de servir.»
La sortie de Macron n'a pas vraiment séduit Laura Slimani, présidente des Jeunes socialistes, qui a regretté que le ministre s'attaque à la «rente» des fonctionnaires plutôt qu'à celle de la finance.
C'est quand même curieux un ministre de l'économie qui veut combattre la "rente" des fonctionnaires mais pas de celle de la finance #OhWait
— Laura Slimani (@LauraSlimani) September 18, 2015
Des propos censés rester confidentiels
Ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron fait une sortie de cet acabit, rappelle Challenges. «La gauche ne peut plus raisonner en termes de statuts. La société statutaire où tout sera prévu va inexorablement disparaître» avait-il déclaré en 2013 à Mediapart alors qu'il était secrétaire général adjoint de l'Elysée. La loi Macron 1 comprenait également un article qui visait à supprimer le statut pour certains postes de la haute fonction publique, une mesure qui n'avait pas été validée par gouvernement.