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Libération
Primaire à droite

Pourquoi Sarkozy sera candidat le plus tard possible

L'ex-président ne se déclare pas pour profiter de sa position de chef de LR, mais aussi... au nom des statuts du parti.
Nicolas Sarkozy le 16 septembre à Paris. (Photo AFP)
publié le 18 septembre 2015 à 18h54

«Je suis bouleversé, ce suspense est intolérable», s'est amusé Alain Juppé, alors que France Info l'interrogeait vendredi sur le fait que Nicolas Sarkozy refuse de confirmer son évidente candidature à la primaire de la droite et du centre. Interpellé par une lectrice du Parisien, le chef du parti Les Républicains (LR) assure qu'il ne lui est pas possible de répondre à cette question avant le début de la campagne officielle, en septembre 2016: «Si je vous réponds maintenant, je me mets dans la course. Quelle sera alors mon autorité pour rassembler et pacifier ensuite tout le monde ?».

En réalité, Sarkozy se trouve dans une situation assez comparable à celle qu’il avait connue pendant la campagne présidentielle de 2012. A l’époque, il avait choisi de se déclarer le plus tard possible, afin de rester le plus longtemps possible chef de l’Etat, au-dessus de la mêlée des candidats déclarés. Cela lui permettait, accessoirement, de retarder au maximum l’ouverture des comptes de campagne… ce qui ne l’aurait pas empêché de les faire exploser, comme le soupçonnent les juges qui enquêtent sur les 18 millions de fausses factures de la société Bygmalion.

Pris à la lettre

S’il ne se déclare que le 9 septembre 2016, date limite de dépôt des candidatures à la primaire, Sarkozy n’aura donc, officiellement que dix semaines de campagne à mener avant le premier tour du scrutin, prévu le 20 novembre 2016. D’ici-là, il ne sera donc rien d’autre que chef d’un parti, attaché à l’unité de «la famille». C’est ce qu’il répondra aux mauvais esprits qui pourraient lui reprocher d’user et d’abuser de sa position pour asseoir sa domination auprès de l’électorat de droite.

Dans le Parisien, Sarkozy explique qu'il a le devoir de se tenir en retrait pour «rassembler et pacifier». En vérité, il est même dans l'obligation d'entretenir ce faux suspens. Car s'il se déclarait demain officiellement, ses concurrents seraient fondés à lui demander de quitter la présidence de LR. Les statuts du parti exigent en effet que «tout membre de la direction du Mouvement ayant l'intention d'être candidat à la primaire en vue de la désignation du candidat à la présidence de la République est tenu de démissionner de ses fonctions dès réception de sa déclaration de candidature, au plus tard quinze jours avant la date fixée pour le dépôt des déclarations de candidature». 

Pris à la lettre, cet article autorise le candidat à rester en poste jusqu'au 26 août. Mais l'esprit de des statuts négociés l'an dernier est clair: «l'intention d'être candidat» devrait, en toute logique, déclencher une démission immédiate. C'est pourquoi ni Juppé, ni Fillon, ni Le Maire ne pouvaient prendre de responsabilités dans ce parti.