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Libération
Interview

«Six ans après, il ne reste que des ruines de l'espoir suscité par Europe Ecologie-les Verts»

Le très médiatique maire de Sevran, Stéphane Gatignon, contestant les alliances des Verts avec le Front de gauche pour les régionales, quitte le parti.
Stéphane Gatignon, maire de Sevran (Seine-Saint-Denis), en avril 2013. (Photo Pascal BASTIEN)
publié le 18 septembre 2015 à 19h43

Chez EE-LV, les jours passent et se ressemblent. Fin août, François De Rugy et Jean-Vincent Placé claquent la porte à la Rochelle sous les regards curieux et stupéfaits des socialistes. Depuis, les sorties se multiplient. L'écologie politique est en crise quelques semaines avant les régionales. Sans oublier la présidentielle qui approche et chatouille les esprits. Ce vendredi, c'est au tour de Stéphane Gatignon de quitter le navire. Il embarque dans ses bagages 230 adhérents d'Ile-de-France. Le maire de Sevran explique ses raisons à Libération.

Stéphane Gatignon, vous quittez EE-LV, Pourquoi ? 

Avec mes amis, nous quittons EE-LV sur un désaccord politique de fond. La stratégie actuelle d’alliance avec la gauche radicale dans le cadre des régionales contribue à faire battre la gauche et à favoriser le renforcement, voire la victoire du FN, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais et en Paca. La lutte contre l’extrême droite est dans notre ADN et il est pour moi impossible d’accepter l’idée que nous puissions favoriser par quelques moyens l’accession au pouvoir régional d’une Le Pen.

Votre départ était programmé ? Ou bien c’est sur un coup de tête, une impulsion ?

Non, mais les décisions politiques internes ont précipité le départ. Ceux qui me connaissent savent que je n’agis jamais sur des coups de tête.

Comme Jean-Vincent Placé et François de Rugy, vous reprochez à EE-LV de s’allier avec le Front de Gauche. Ce n’est pas un peu étrange, alors que vous êtes, à la base, communiste ?

Je ne renie pas ma propre histoire personnelle et mon engagement au sein d’EE-LV avec Dany Cohn-Bendit était la continuité de ce parcours politique. Malheureusement, six ans après, il ne reste que des ruines de cet espoir.

Et maintenant, vous allez faire quoi ? Rejoindre le parti Ecologistes! ?

Je rejoins les Ecologistes! Pour poursuivre mon combat, participer à l’émergence d’un réformisme fort, qui doit se traduire par des réformes de fond et de nouvelles structures politiques démocratiques souples et ouvertes, où l’écologie politique aura toute sa place. Maire de la deuxième ville écologiste de France, je suis conscient de la responsabilité et de l’urgence de ce combat.

Quelques semaines avant les régionales, quel sera votre rôle en Ile de France ? 

Ce rôle n’a pas changé. Aujourd’hui je continue malgré ma démission d’EE-LV de tout faire pour que la gauche et les écologistes sortent victorieux de ces élections autours et avec Claude Bartolone.