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Libération
Duel

Emmanuel Macron compte ses points

Le ministre, qui bénéficie du soutien des grands commerces et de la bénédiction de la droite parisienne, ne veut pas perdre de temps.
Macron a prévu que les zones spécifiques soient définies par l’Etat. (Photo Albert Facelly)
publié le 20 septembre 2015 à 19h36

Sa position

L'ouverture des magasins le dimanche est, aux yeux d'Emmanuel Macron, une clé pour «l'activité et la création d'emplois». «Pour les zones touristiques internationales à fort potentiel d'activité, il est de l'intérêt national d'ouvrir les commerces le dimanche et en soirée», a-t-il expliqué en commission des lois de l'Assemblée.Au sujet de ces zones, le ministre annonçait d'emblée la couleur : «Le projet de loi prévoit que l'exécutif reprenne la main pour en définir les contours après concertation avec les collectivités concernées.» En revanche, le ministre de l'Economie estimait «donner plus de libertés aux élus locaux» en leur permettant de fixer eux-mêmes les dates des douze «dimanches du maire».

Son attitude

«Mesdames et Messieurs les élus locaux, on s'occupe de tout.» Craignant que Paris ne le suive pas dans son offensive dominicale, Emmanuel Macron prend les devants dès la rédaction du texte, en prévoyant que pour les zones touristiques, l'Etat fixe les périmètres. Pendant le débat parlementaire, le locataire de Bercy écoute poliment les arguments de Paris, développés dans les amendements de Sandrine Mazetier, avant de les rejeter en bloc en séance. Quant aux «dimanches du maire», décidés à Paris par le préfet, c'est la faute à l'histoire. «Notre débat ne portait pas sur le statut de Paris», explique-t-on dans l'entourage du ministre. D'une façon générale, Macron fait savoir qu'il n'a pas de temps à perdre. Certes, il invite la maire de Paris à le rencontrer. Mais avant de l'écouter, il pose ses conditions : «Si c'est un avis constructif, j'en tiendrai compte. Si c'est un avis de principe qui cherche à faire polémique, il ne m'apporte pas grand-chose.» En réponse, la maire reste chez elle et lui envoie une lettre désagréable. Emmanuel Macron sait créer un climat. Et des polémiques. Il en a fait même une spécialité. Comme en fin de semaine dernière, lorsqu'il a remis en question le statut des fonctionnaires. Avant de se faire recadrer par le Président et le Premier ministre.

Ses armes

Elles sont solides. D'abord, il a l'appui de Manuel Valls, qui a tellement voulu être sûr que la loi pour la croissance et l'activité soit adoptée, qu'il a dégainé à trois reprises l'article 49-3. Ensuite, Macron a maintenant son texte, bel et bien au Journal officiel. «Il y a eu débat, consultation avant et après. Et la mairie a eu un mois pour répondre», rappelle un proche du ministre. Comme elle ne l'a pas fait, le cabinet du ministre a envoyé quelques-uns de ses membres consulter directement les maires d'arrondissements des ZTI. Au risque de ne pas faire un bien fou aux relations ville-Etat.

Ses alliés

En gros, tout le grand commerce soutient le ministre. Avec quelques enragés comme l'Alliance pour le commerce qui voudraient des ZTI plus larges et plus nombreuses. Macron a aussi l'encouragement des milieux économiques. Il a enfin, bizarre cerise, la bénédiction de toute la droite parisienne, qui n'a cessé de remettre le débat sur le tapis au Conseil de Paris. Les touristes, «qui errent comme des âmes en peine le dimanche boulevard Haussmann», reviennent régulièrement dans la bouche de Nathalie Kosciusko-Morizet, chef de file LR à Paris.

Ses craintes

Le gouvernement n’a pas intérêt à ce que les accords de branche capotent. La loi est plus qu’évasive sur les rémunérations et les compensations des dimanches travaillés. Un affrontement social à la veille des régionales n’est pas le rêve de Matignon. Macron craignait surtout d’avoir à négocier les ouvertures parisiennes rue par rue.

Ses chances de réussite

Excellentes. Même mal née, la loi est là. Mais «la carte évoluera», promet-on au ministère.