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Libération

Deux chefs politiques d'ETA en cavale arrêtés en France

«L'ETA est décapitée, démantelée», a réagi le ministre espagnol de l'Intérieur. Les indépendantistes se désolent, «ce n’est pas comme ça qu’on arrivera à résoudre le conflit basque».
publié le 22 septembre 2015 à 14h57
(mis à jour le 22 septembre 2015 à 16h17)

Ils étaient recherchés depuis des années, considérés comme les chefs politiques de l’ETA, l’organisation séparatiste basque. Iratxe Sorzabal et David Pla ont été arrêtés ce mardi dans le sud-ouest de la France, à Saint-Etienne-de-Baïgorry (Pyrénées-Atlantiques).

Le ministre de l’Intérieur espagnol a annoncé cette arrestation, parlant des «deux terroristes les plus recherchés du moment». Avec leur interpellation, «l’ETA est décapitée, démantelée», s’est-il réjoui. Selon le communiqué du ministère espagnol, l’opération a été menée conjointement par des policiers français et la Garde civile espagnole, en collaboration avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française.

Deux autres Etarras «de petite envergure» ont également été interpellés, selon une source policière de l'AFP. Des faux papiers et des armes, «l'équipement habituel des Etarras», ont été découverts sur place.

«Ce n’est pas comme ça qu’on arrivera à résoudre ce conflit»

Consternation dans les rangs des indépendantistes basques. Joint par téléphone, Jean-François Lefort, du parti indépendantiste Sortu (ex-Batasuna) se désole: «Avec cette arrestation, le gouvernement français met sous silence une voix importante du conflit… Ce n'est pas comme ça qu'on arrivera à résoudre ce conflit. C'est contreproductif au possible! »

Il est d'autant plus écoeuré qu'il espérait un «virage» de la part du gouvernement français, après «la conférence humanitaire pour la paix en Pays Basque», qui s'est tenue à l'Assemblée nationale, le 11 juin dernier. Ce jour-là, dans le sous-sol du Palais-Bourbon, indépendantistes basques, élus de tous bords, victimes et acteurs du conflit armé, mais aussi des personnalités comme l'ancien ministre (Pierre Joxe, ou le magistrat Serge Portelli) ont tour à tour pris la parole pour demander que le processus de paix avance enfin.

Cela fait quatre ans que l’organisation séparatiste ETA a annoncé le cessez-le-feu, après cinquante années d’une lutte armée. Nous en sommes toujours là. Le cessez-le-feu est respecté, mais l’ETA n’a pas déposé les armes, et la question des détenus et des réfugiés politiques n’est toujours pas réglée.

Dans ce contexte, l'interpellation aujourd'hui d' Iratxe Sorzabal et David Pla est interprété comme un mauvais signal. «C'est complètement irresponsable, oui», s'indigne Jean-François Lefort. «La preuve, selon lui, que ce gouvernement (français, ndlr) ne veut pas la fin du conflit», l'un des plus vieux d'Europe. Il a causé la mort de plus de 800 personnes.

M.P