Il avait signé la une avec Mahomet, parue quelques jours après l'attentat du 7 janvier. Le dessinateur Luz, figure de Charlie Hebdo depuis la mort de Cabu, Wolinski, Tignous et Charb, a annoncé qu'il quitterait l'hebdomadaire dans une semaine, dans le numéro de l'hebdomadaire paru ce mercredi.
«Je crois qu'un énième cours de dessin s'impose. A une semaine de la retraite si c'est pas malheureux», écrit Luz, revenant sur la polémique suscité par un dessin de Riss sur Aylan, le petit enfant syrien mort noyé. Paru dans le Charlie Hebdo du 9 septembre, le dessin de Riss, une des «couvertures auxquelles vous avez échappé», représentait l'enfant noyé, sous un panneau publicitaire pour McDo, avec pour légende «Si près du but».
Ce dessin a suscité des commentaires indignés sur les réseaux sociaux en France et à l'étranger, et valu au journal des accusations de racisme. «Ce dessin ne se moque pas des migrants mais de notre société libérale et hypocrite» et «pointe du pinceau cette Europe riche, sur-consommatrice, qui aura attendu d'avoir la médiatisation de la mort d'un enfant sur la conscience pour réfléchir enfin au sort des migrants», réplique Luz.
Le prochain numéro sera son dernier
Quant à son départ de Charlie Hebdo, que Luz avait annoncé en mai, il aura lieu la semaine prochaine : le prochain numéro sera sa dernière participation au journal, a-t-il confirmé.
Luz, 43 ans, entré à l'hebdomadaire en 1992, avait échappé à la mort car il était en retard ce jour-là. Il avait expliqué en mai dernier son départ par «un choix très personnel». «Si je me barre, c'est que c'est difficile pour moi de travailler sur l'actualité (...) Ca n'arrive plus à m'intéresser, en fait, ce retour à la vie normale de dessinateur de presse. Beaucoup de gens me poussent à continuer, mais ils oublient que le souci, c'est l'inspiration», avait-il déclaré.
Fin avril, il avait annoncé qu'il ne dessinerait plus le personnage du prophète. «Il ne m'intéresse plus. Je m'en suis lassé, tout comme [du personnage] de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner», avait-il expliqué.