Elle n'attendait que ça. Ce mercredi matin, voilà une bonne heure que Martine Aubry, pour sa conférence de presse de rentrée dans un ex-café de Lille réhabilité en centre culturel, défend la politique menée dans sa ville : logement, éducation, sécurité, emploi… Les journalistes ont enfin droit au micro. On lui demande de réagir aux propos d'Emmanuel Macron sur l'emploi garanti à vie des fonctionnaires : «Macron ? Comment vous dire… Ras-le-bol. Voilà. Ras-le-bol». La maire de Lille enchaîne, dit «supporte(r) de moins en moins» son «arrogance» et dénonce son «ignorance de ce que vivent» les Français. «Qu'il s'occupe de son ministère», lance-t-elle du haut de son tabouret.
Aubry ne supporte plus d'entendre Macron tirer contre son camp et veut le faire savoir : «Emmanuel Macron est ministre de l'Economie, où sont ses résultats ?» En septembre 2014, la maire de Lille était sortie de son silence pour demander une réorientation de la politique économique du gouvernement au profit de la consommation. Un an plus tard, malgré les quelques annonces - baisses d'impôts, aides pour favoriser l'investissement des entreprises et des collectivités locales -, l'ancienne patronne du PS ne lâche pas le morceau : «Pour relancer la croissance, il faut retrouver un équilibre entre offre et demande.»
Elle défend le gouvernement «quand il a voulu redonner de la compétitivité des entreprises» mais alerte : «Toutes nous disent aujourd'hui qu'elles ont un problème de demande.» Le milliard d'euros pour les collectivités locales ? «C'est bien, mais c'est encore insuffisant.»
«Si on veut réussir, il faut aussi booster la croissance et l'emploi, insiste-t-elle. Quand [l'agence de notation] Moody's le dit, ce n'est pas des gauchos du PS.»
Et Emmanuel Macron, encore lui, qui lorgne la réforme du code du travail qu'il voudrait «moins complexe» ? L'ancienne ministre du Travail range le ministre de l'Economie dans la catégorie des «archaïques». «Ce n'est pas là qu'on trouvera de la modernité», affirme l'ex-finaliste de la primaire, ressortant sa proposition de «sécurité sociale professionnelle». Elle suggère au duo de Bercy de s'attaquer plutôt à «la complexité du code fiscal». «Tiens, voilà un nouveau travail pour M. Macron et M. Sapin, plaisante-t-elle. Le code du travail, à côté, c'est d'une simplicité biblique !»