Il y a moins de deux semaines, François Meunier, conseiller municipal Front de gauche d'Antony (Hauts-de-Seine), n'avait encore d'yeux que pour le Parti communiste sur son compte Twitter : Un lien renvoyait vers le discours de Pierre Laurent à la fête de l'Huma, les unes du quotidien éponyme y étaient fréquemment reprises, et l'homme tançait le discours «ultralibéral et réactionnaire» de la chanteuse Françoise Hardy, invitée de l'émission On est pas couchés. Quelle ne fut pas la surprise de nombreux habitants d'Antony (61 000 habitants), de découvrir, dimanche matin à la lecture du Parisien, le ralliement de leur élu au… Front national.
Soyons nombreux ce week-end à la fête de l'Humanité. Rendez-vous sur le stand d'Antony pour partager un moment de fraternité.
— François Meunier (@FraMeunier) September 10, 2015
L'Europe et la France doivent arrêter de multiplier les entraves à l'accueil des réfugiés http://t.co/7O8fm4FHiE #PCF via @CNPCF
— François Meunier (@FraMeunier) September 4, 2015
Tête de liste Front de gauche aux municipales de mars 2014 – il avait obtenu 9% des suffrages (le FN n'avait pas de candidat) –, François Meunier entend même monter un groupe frontiste au sein de la ville remportée par Jacques-Yves Sénant, investi sous la bannière de feu l'UMP. Au Parisien, Meunier a expliqué que le FN était désormais le seul parti «à défendre la classe ouvrière […], le dernier à avoir une analyse marxiste de la société et encore un discours sur la lutte des classes.» L'électrochoc est survenu avec la crise grecque : «C'était l'occasion pour le Front de gauche de rompre avec la politique européenne, mais il n'a pas été à la hauteur», s'emporte-t-il, précisant «qu'[il] n'aurait jamais adhéré au FN si Jean-Marie Le Pen était encore là.» Il conclut : «Force est de constater qu'aujourd'hui, ce discours antisémite a disparu. Certains peuvent penser que c'est une stratégie politique. Moi, je ne le crois pas.» Reste que les électeurs qui l'ont élu sous l'étiquette du Front de gauche ont aujourd'hui une sacrée couleuvre à avaler.
Contactés par Libération, ni François Meunier ni le porte-parolat national du PCF n'ont donné suite à nos appels.