C'est peu dire que l'initiative ne les emballe pas… Quelques heures avant un bureau national du PS au cours duquel devaient être discutées les modalités d'organisation du référendum sur «l'unité de la gauche et des écologistes» voulu par Jean-Christophe Cambadélis, l'aile gauche socialiste, rassemblée sous la bannière de «A gauche pour gagner», critique l'initiative de son premier secrétaire. S'ils ne contestent pas «l'objectif», disent-ils, de cette consultation annoncée par le patron du PS lors du dernier conseil national du parti – «l'unité de la gauche a toujours été un capital commun précieux pour battre la droite et l'extrême droite», écrivent-ils en préambule de leur déclaration – cette frange socialiste regroupée lors du dernier congrès autour de Christian Paul ne compte pas aider leurs camarades sur les marchés les 16, 17 et 18 octobre.
«Nous observons les risques pris par cette décision très personnelle qui télescope les campagnes régionales, leurs calendriers, voire les relations locales établies avec les autres partis de la gauche, disent-ils. Surtout, nous nous interrogeons sur l'efficacité de cette initiative improvisée pour réunir la gauche. Son caractère artificiel est pointé du doigt par beaucoup. […] Rien n'indique qu'elle crée les conditions politiques du rassemblement.» Pour eux, si «la méthode» proposée par Cambadélis «ne convainc pas», c'est que «le diagnostic n'est pas le bon». «Le mal est profond, répètent ces socialistes qui contestent depuis des mois l'orientation économique de la gauche au pouvoir. En 2012, la "grande gauche" s'est réunie pour permettre l'élection de François Hollande. Depuis les élections municipales, nous alertons sans relâche sur les conséquences de l'effritement de la majorité, à chaque étape.»
Contrairement à Cambadélis, ces socialistes estiment que si les écologistes et les communistes refusent de s'allier avec le PS au premier tour des régionales de décembre, c'est d'abord à cause de la politique menée à Paris. «A persister, par aveuglement ou pour d'improbables calculs, dans des politiques qui ne marchent pas – comme le confirment encore ce mois-ci les chiffres du chômage –, le gouvernement crée les motifs des prochaines défaites», soulignent-ils. «Ces menaces, poursuivent-ils, ne suffisent pas à rassembler. L'urgence reste à coup sûr de réduire les motifs de doute, de déception et de désaffection. C'est cette déception qui depuis 2014, conduit à chaque élection le PS à la défaite et parfois localement à la disparition.»